20170202

Musique publique

Des usages incontrôlables de la musique et des musiciens
Christian Ruby
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Mit Beethovens Tod änderte sich das Bild des Künstlers radikal. Mit seinem Tod wird Beethovens Gesicht zu einem Lieblingsmotiv vieler Künstler, die sein Antlitz benutzen und zur Ikone stilisieren. Beethoven Todesmaske begegnet uns in der Malerei von Joseph-Benjamin Constant und hundert Jahre später bei Arnulf Rainer, und Andy Warhol machte den Komponisten zum Popstar. Und seinen Werken : Die « Ode an die Freude » wurde iim November 2015 als Protest des MainzerStaatstheater gegen eine AFD-Demonstration gesungen. Sie ist die Europahymne, war aber auch der Sound der Meetings des französischen Rechtradikalen und Anti-Europäers Le Pen. Beethovens Neunte untermalte 1981 einen feierlichen Auftritt des sozialistischen Präsidenten Mitterrand am Pariser Pantheon und 1942 die Geburtstagparty von Adolf Hitler.

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L’exposition parisienne « Ludwig Van », à la Philharmonie de Paris, souligne fort pertinemment que l’art public ne se limite pas aux arts plastiques. Si par cette expression « art public », il convient d’entendre le financement d’œuvres par des fonds publics à destination d’une exposition publique orientée par un souci de l’État et des femmes et hommes politiques (quelle que soit l’échelle de référence : État, Région, Ville) à l’égard des citoyennes et citoyens, on comprend aussitôt que la musique est depuis longtemps une ressource disponible pour cette modalité de gouvernement. Accompagnant la musique, le portrait de musiciens est aussi un classique de l’art public, lequel en exaltant en public les valeurs de l’effort, de la « beauté », du caractère, etc., sert aussi les desseins politiques.

Pour la France, le site France musique propose la liste suivant des musiciens mués en sculpture publique (https://www.francemusique.fr/emissions/un-air-d-histoire/les-statues-de-musiciens-retour-sur-la-statuomanie-en-france-au-xixe-siecle-par-jacqueline-lalouette-29958) :



Statues, bustes, hauts et bas-reliefs érigés dans un espace public de plein air hors cimetières.
(R : refonte sous Vichy. 2e : nouvelle statue après la Seconde Guerre mondiale)
Les statues et les bustes placés en façade ou appartenant à des programmes collectifs n’ont pas tous été pris en compte.



Adam Adolphe : Longjumeau (buste et postillon)

Aubert Louis : Caen (statue)

Aubery du Boulley Prudent Louis : Verneuil-sur-Avre (bas-relief)

Bartok Bela : Paris (square Bela Bartok, statue)

Beethoven Ludwig van : Paris (Luxembourg. Buste) ; Vincennes (bois de Vincennes, pelouse de Fontenay. Piédestal sans statue ; la maquette inaugurée en 1927 n’est plus sur ce piédestal).

Berlioz Hector : Grenoble (R-2e) ; La Cote Saint-André (statue) ; Montbrison (statue) ; Paris (square Berlioz. R-2e)

Boieldieu François Adrien : Évreux (Buste sur la façade du théâtre) ; Paris (Opéra. Buste) ; Rouen (statue)

Casals Pablo : Perpignan (bas-relief)

Chabrier Emmanuel : Ambert (buste avec personnage)

Chopin Frédéric : Nohant (buste) ; Paris (Luxembourg. Buste avec personnage. Parc Monceau. Haut-relief)

Claussmann Aloys : Clermont-Ferrand (buste)

Dalayrac Nicolas : Muret (R-2e)

David Félicien : Aix-en-Provence (buste)

Debussy Claude : Paris (jardin Claude Debussy. Monument sans représentation de Debussy) ; Saint-Germain-en Laye (statue couchée)

Delibes Léo : La Flèche (promenade Foch. Buste avec personnage. R-2e) ; Saint-Germain du Val (buste. R ?. Nota bene : Saint-German du Val fait maintenant partie de La Flèche)

Desaugiers Marc-Antoine : Fréjus (buste)

Dietsch : Dijon (rue Jean-Jacques Rousseau. Petit buste sur la façade de sa maison natale)

Fauré Gabriel : Foix (buste)

Franck César : Paris (square Samuel Rousseau. Haut-relief)

Gémont Louis : Clermont-Ferrand (cour du conservatoire. Haut-relief)

Godard Benjamin : Paris (square Lamartine. Buste avec personnages [personnages R])

Gounod Charles : Paris (parc Monceau. Buste et personnages) ; Saint-Cloud (buste) ; Saint-Rémy de Provence (buste)

Komitas (Père. Soghomon Gevorki Soghomonian dit) : Paris (cours Albert 1er. Statue)

Lalo Édouard : Lille (buste avec personnages. R-puis stèle)

Lesueur Jean-François : Abbeville (R-2e)

Massé Victor : Lorient (statue)

Massenet Jules : Paris (Luxembourg. Bas-relief et personnages) ; Saint-Étienne (statue)

Méhul Étienne Nicolas : Givet (R-2e)

Messiaen Olivier : Neuvy-sur-Barangeon (haut-relief)

Monsigny Pierre Alexandre : Saint-Omer (statue)

Mozart Wolfgang Amadeus : Draguignan (visage et mains) ; Paris (rue François Miron. Bas-relief)

Naninck Charles : Béthune (buste)

Rameau Jean-Baptiste : Dijon (R-2e)

Ravel Maurice : Ciboure (buste)

Reyer Ernest : Le Lavandou (Buste. R-2e) ; Marseille (statue)

Rouget de Lisle Claude Joseph : Choisy-le-Roi (statue) ; Lons-le-Saunier (statue)

Saint-Saëns Camille : Dieppe (statue. R)

Saintis Armand : Montauban (buste)

Satie Erik : Honfleur (jardin des personnalités. Buste)

Sellénick Adolphe : Les Andelys (buste. R)

Strauss Johann : Paris (place Johann Strauss, buste)

Thomas Ambroise : Paris (parc Monceau. Statue et personnage)

Séverac Déodat de : Céret (médaillon sur le piédestal de « La Catalane »)

Scotto Vincent : Marseille (buste)



Quant à la musique même, l’exemple de la IXe de Ludwig van Beethoven (1822, création 1824) est caractéristique. L’ouvrage de Esteban Buch, La Neuvième de Beethoven, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1999, en rend compte. Il s’agit bien d’une oeuvre qui a sa teneur politique propre (tous les hommes sont frères), passée ensuite au panthéon des romantiques, enrôlée dans les « fêtes de Bonn » à l’occasion de l’érection de la statue de Beethoven, en 1845, enrôlée dans la guerre de 1870 puis 1914 ; manifestations de son centenaire en 1927, accaparement par le nazisme, devenue hymne européen en 1971, accaparée par le régime Rhodésien en 1974 (dictature qui met en place l’apartheid), dans la visite du Panthéon par Mitterrand en 1981... et dans Chute mur de Berlin... Bref : Tour à tour : utopie individuelle ou collective, usage partisan, critique indirecte des autorités, inclusion dans des cérémonies officielles, ou encore : œuvre patriotique, œuvre dédiée, catalyseur de l’unité nationale.