20160204

Ruch


Sur Philipp Ruch par Christian Ruby Christian Ruby
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Unseren Politikern mangelt es an visionen

Notre personnel politique manque de perspective d’avenir 

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Un collectif d’artistes berlinois réclame la « chute du mur de l’Europe ». Afin de faire prendre conscience à l’opinion publique du drame qui se joue aux frontières du continent, il a décidé d’aller chercher des corps de migrants noyés en Méditerranée dans le but de les enterrer dans les cimetières de la capitale Allemande :

« Nous ne voulons plus laisser les morts de l’Europe se décomposer au fond d’un frigo ou dans les fosses communes anonymes. Nous transférons le problème en Allemagne. Nous avons décidé de rendre leur dignité aux victimes de la politique européenne. » (Justus Lenz, porte-parole du mouvement artistique Centre pour la beauté politique (ZPS, Zentrum für politische Schönheit)

Revenons, dans ce numéro du Spectateur européen, sur ce Centre pour la beauté politique, élaboré par des artistes allemands et le philosophe Philipp Ruch. Nous présentons ici quelques extraits de son ouvrage consacré à son indignation politique - Wenn nicht wir, wer dann ? – que nous traduisons ensuite : Si ce n’est pas nous, alors qui ? (Éditions Ludwig)

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Das grösste Infrastrukturprojekt unserer Zeit ist eine gigantische Schallmauer um Europa herum. Dieser Schallschutz ist mentaler Art und schützt uns davor, die Hilfeschreie weiter hören zu müssen. Wir wollen nicht zum Ort der Schreie und Leiden dieser Welt werden. 

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Le plus grand projet d’infrastructure de notre temps est un immense mur du son autour de l’Europe. Cette isolation acoustique est de nature mentale, et nous préserve d’avoir à continuer à entendre les cris de demande d’aide. D’ici, nous ne voulons pas entendre les cris et les souffrances du monde.
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Was wird den Historikern am Ende des 21. Jahrhunderts an uns auffallen ? Was werden sie in uns sehen ? Sie werden eine Selbsbezogenheit in den reichen Nationen dieser Erde feststellen, die ihnen steinzeitlich vorkommen wird, die so gar nicht zum kosmopolitischen Geist und den humanistischen Idealen passt, mit denen wir uns brüsten.

 
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Qu’est-ce qui va frapper les historiens de la fin du 21° siècle à notre sujet ? Quel portrait se feront-ils de nous ? Ils constateront un égocentrisme des nations riches, qui semblera remonter à l’âge de pierre. Il ne cadrera pas du tout avec l’esprit cosmopolitique et l’idéal humaniste, duquel nous nous vantons souvent.
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Ich bin aufgewachsen in einer Welt, die sich mehr oder weniger um Partys drehte. Die Gedanken gut gekleideter, aufgehübschter junger Menschen kreisten um nicht viel mehr als um die Frage, wohin man ab Donnerstag ausging. Wenn man sie gefragt hätte, was sie beruflich machen, hätten sie guten Gewissens antworten können : Feiern ! [...] Doch viel kamen schnell dahinter, dass es eigentlich nichts zu feiern gab [...] Dass es Dinge gab, die unsere volle Kraft und Energie viel eher verdienten.

 
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Je suis né dans un monde qui tourne plus ou moins autour du divertissement. Les pensées des jeunes gens endimanchés et pomponnés tournent autour de la question de savoir où ils vont sortir jeudi soir. Si on les avait interrogé sur leur métier, ils auraient répondu en toute bonne conscience : faire la fête ! ... Cela dit, plusieurs ont fini par découvrir qu’il n’y avait vraiment rien à fêter.... Qu’il existe des choses qui méritent bien plus toute notre force et notre énergie.

 
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[...] Beim politisch-humanistischen Willen herrscht zurzeit Windstille. Unseren Politikern mangelt es an Visionen, sie sind von Ratlosigkeit gezeichnet. Sie wissen nicht, was zut un ist. ----------------------------------------------------------------------------------------
Quant à la volonté politique et humaniste, pour l’heure, c’est le calme plat. Notre personnel politique manque de perspective d’avenir. Ils sont complètement désemparés. Ils ne savent pas ce qui peut être fait.
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Es geht nicht darum, schlechte Zustände schönzureden oder Politik zu ästhetisieren. Ich schliesse sogar aus, dass Ästhetik überhaupt etwas mit Schönheit zut un hat. Es geht um die grundsätzlichen Ziele. Wenig von dem, was wir heute politisch wollen, bietet Stoff für grosse Literatur.

 
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Il n’est pas question d’enjoliver une situation désastreuse, ou d’esthétiser la politique. J’exclus que l’esthétisation ait quelque chose à voir avec la beauté. Il en va plutôt des finalités fondamentales. Peu de ce que nous désirons aujourd’hui politiquement offre matière à une importante littérature.
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Was wollen wir erreichen ? Erreichen, nicht verwalten ! Zukünftige Generationen werden staunend vor den Zufällen der Geschichte überlassen. Aber wo bleiben unsere eigenen Antworten ?

 
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Que voulons-nous obtenir ? Obtenir, non pas gérer ? Les générations futures seront étonnées de se retrouver devant une énigme : que voulait donc notre époque ? Nous avons abandonné notre volonté politique au hasard de l’histoire. Mais où se trouve nos propres réponses ? ----------------------------------------------------------------------------------------
 
Die Sprache, die unsere Politiker sprechen, ist mutlos, uninspirierend und leer. Es ist viel die Rede von unpolitischen Bürgern. Aber dass Menschen nur politisch werden können, wenn Politik etwas in ihnen weckt, liegt auf der Hand. Ohne das Gefühl, Teil von etwas Bedeutsamen zu sein, gehen Menschen nicht wählen. Bürger politisiet man mit Mut, Wagnissen und Visionen. Politik ist ein Epos, das überzeugen muss. Den politischen Zielsetzungen der grossen Parteien fehlt es spürbar an Grösse, Visionen, Mut und Schönheit. Die Abwesenheit von Schönheit und Seelengrösse bei jenen, die man der Bevölkerung als Kandidaten für das Amt des Bundeskanzlers präsentiert machen sich sprachlos.

 
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Les discours fait par les politiques manque de courage, ils sont sans inspiration et vides. Il y est question de citoyens passifs. Mais que les humains ne puissent passer à la politique qu’à partir du moment où les politiques éveillent en eux quelque chose, est évident. Sans le sentiment d’être une partie de quelque chose d’important, les humains ne vont pas voter. On en peut conduire les humains à la politique qu’avec du courage, du risque et des perspectives. La politique est une épopée, qui doit convaincre. Les objectifs politiques des grands partis manquent de grandeur, de perspectives, de courage et de beauté. L’absence de beauté et de grandeur d’âme, de la part de ceux qui briguent auprès du peuple l’entrée à la Chancellerie, me laisse sans voix.