20120402

Une défense paradoxale de l’unité de l’Europe.



Frédéric Darmau

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Michel Collot bir manzara filozofu. Bu konu hakkinda pek cok calismasi bulunan Collot, yeni kaleme aldigi bir eserde, bu konuyu Avrupa cercevesinde dusunuyor. Buarada analizinin temel hatlarini sizlere sunuyoruz.

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Michel Collot is a philosopher of landscape.  Having studied this general question at great length in numerous works, he now tackles the issue from a European perspective.  We present the main parts of this analysis.

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El filósofo de paisaje Michel de Collot. Después de haber trabajado intensamente en esta cuestión general, viene en su último libro, a mostrar que este problema toca  toda Europa. Presentamos aquí la mayor parte de su análisis.

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            Michel Collot è un filosofo del paesaggio. Avendo consacrato numerosi lavori a questa questione molto generale, esso riflette, nel suo ultimo libro, sulla stessa domanda ma questa volta al livello dell’Europa. Presentiamo qui l’essenziale della sua analisi.

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Liminaire : « L’Europe apparaît aujourd’hui à beaucoup de ses citoyens comme une machine technocratique, ou un vaste marché. Si l’on veut lui donner une âme et construire son unité, il faut se tourner vers son patrimoine culturel et chercher en lui ce qui peut parler le plus directement au x Européens par-delà les frontières ». Le présupposé est bien connu, l’unité est homogénéité, et elle se trouve garantie par le passé. Nonobstant cela, le propos se poursuit : « mon hypothèse est que le paysage est un des lieux dans lesquels une identité européenne peut s’incarner et se construire. Lieu de mémoire, mais aussi lieu de rencontre et horizon de la construction européenne ».
            D’ailleurs rappelle Michel Collot dans son dernier ouvrage La pensée-paysage (Actes Sud, 2011, p. 79sq), George Steiner a fait récemment du paysage un des quatre piliers de l’identité culturelle de l’Europe. « Pour que la notion d’Europe ne reste pas une entité lointaine et désincarnée, il faut la faire vivre dans l’expérience concrète de ses habitants ».
            Et voilà le passé qui revient : « S’il y a une culture européenne, elle commence avec l’agriculture et la gestion des espaces naturels ; elle inclut les usages sociaux et quotidiens de ces espaces que sont l’urbanisme et le tourisme ». Et elle se prolonge dans l’art. Aussi, « Le paysage permet donc d’ancrer l’identité européenne à la fois dans l’expérience la plus commune et la plus concrète et dans la culture la plus savante ».
            Ce qui intéresse l’auteur dans ce constat, c’est une opposition. « La définition classique de l’identité européenne tend à l’identifier avec quelque notion abstraite : la liberté individuelle, la nation, la raison… Le paysage fournit au contraire un fondement sensible » à l’idée européenne. L’auteur se méfiant de lui-même, prend alors conscience du fait que ce discours risque bien de l’entraîner du côté d’une démarche irrationnelle. Il corrige alors son propos en prétendant s’orienter plutôt vers une « autre rationalité ».
            Il construit la suite de son texte en en appelant à des recherches sur les rapports entre les lieux géographiques et les topologies symboliques. « Il me semble que le paysage a joué et peut jouer encore dans l’avenir un rôle important dans cet échange entre l’expérience concrète et les constructions symboliques, entre les identités locales et nationales et une identité européenne en devenir », ajoute-t-il en valorisant l’idée de Pierre Nora, selon lequel il conviendrait d’élaborer un projet de rencensement des lieux de mémoire européens (les fleuves, les grands massifs, …). Rappelant que l’invention du paysage a coïncidé avec la découverte de terres nouvelles et lointaines, qui ont considérablement élargi la vision du monde des européens, Michel Collot pense que le paysage peut apparaître comme un espace transitionnel, qui offrirait un modèle pour concevoir une identité ouverte sur l’altérité.
            A quoi s’ajoute que, l’examen des rapports entre le paysage et la nation aidant, la conception européenne du paysage, en art notamment, aurait largement débordé les frontières nationales. En ce sens, aurait existé une culture européenne du paysage irréductible aux seules frontières des nations constitutives de l’Europe.
            Le terme paysage lui-même serait le fruit d’une collaboration internationale. Le mot serait apparu en français, dans les milieux des artistes italiens travaillant à la décoration du château de Fontainebleau. Il serait le fruit d’une collaboration franco-italienne. Il devient rapidement un bel exemple de tradition d’une langue à une autre. Il suit simultanément les foyers de création artistique dans toute l’Europe. « On peut donc dire que la notion et l’art du paysage sont dès l’origine largement européens ». Et l’auteur de poursuivre son exploration au travers des œuvres de Poussin et de Claude Lorrain.
            Un autre exemple plus récent de ces « convergences européennes » est fourni par la politique de protection des paysages, entre 1900 et 1930. Les menaces qui pèsent sur le patrimoine commun de l’Europe ont poussé à faire un état des lieux des paysages et à chercher des perspectives d’avenir.
            Et l’auteur de conclure : « l’identité européenne qui tend à se dégager de ces réflexions ne saurait résulter de la somme des identités nationales, ni de leurs synthèse, mais plutôt de leur mise en dialogue ». Il soutient son raisonnement d’un recours à Edgar Morin : « si l’Europe, écrit celui-ci, a une identité, elle se fonde sur sa diversité ; si elle a une unité, elle ne peut être que plurielle ». Et il conclut : « N’étant plus en mesure d’imposer sa civilisation comme universelle, elle doit affirmer son identité par la mise en valeur de sa différence et de sa diversité, menacées par l’impérialisme d’autres modèles et par une mondialisation uniformatrice ». Le paysage serait la manifestation la plus probante de cette unidiversité, pour autant que ce syntagme puisse réunir aussi évidemment que le croit l’auteur Paul Valéry (l’Europe comme cap, dans La Crise de l’esprit, 1919) et Jacques Derrida (L’Autre cap, 1990).