20120403

Les femmes et hommes politiques français livrent leur imaginaire historique sur France Culture.



Josette Delluc
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            Im Internet kursieren zahllose Fotos von Politiker. Sie geben uns nonverbale Signale. Manche Körpersprachenexperte interpretieren ihre Haltungen und Handhaltungen. Und was ist es denn über ihre Rede ? Wie argumentiren sie ? Haben sie nicht immer wieder zum Geschichte angerufen ? Zum Beispiel in Frankreich.

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Fransa’da yeni Cumhurbaskanlari  goreve gelmesiyle ilk gorevleri genelikle temsilcilik hakkindadir. Cumhurbaskani tarihi gecen portresinin nasil olacainin kararini vermesi gerekiyor. Portrenin nerede yapilacagi, hangi renklerle, ve hangi giysilerle yapilacagi son derece onemli bir siyasi mesaj teskil etmekte. Pierre Henri Latrigue’in kisa devrimi, yeni Giscard d’Estaing doneminde gerceklesmisti. Ardindan Francois Mitterrand, Gisèle Freund’e poz vererek geleneklere karsi cikmisti. Bu secimleri, sol partinin iktidara gelmesinin mesryuitenin ifade etmek istemisti. Mitterand bu secimi yaparak bir dusunur oldugunu vurgulumak istemisti.

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In France, one of the new President’s first actions tackles the notion of representation.  He must determine the official portrait that marks his entering in history.  The formal aspects, as well as the place, the clothes and the attitude all add to the image’s impact.  Thus, the small revolution started by Pierre Henri Lartigue’s photograph, placed Valéry Giscard d’Estaing in a new era, one of a young president initiating reforms.  Then, returning to tradition, François Mitterrand poses for gisèle Freund in the Elysée’s library, similarly to de Gaulle and Georges Pompidou.  By this choice, he affirms the left’s legitimacy to access to power and presents himself as a reader of his time, attached to heritage; a man of thoughts.

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En Francia, uno de los primeros actos del nuevo presidente después de asumir el cargo se trata de la representación. Debe decidir el retrato oficial que marca su inscripción como tal en la historia. El aspecto formal tanto como la actitud, la ubicación, las características, la ropa le dan sentido a la imagen. Así pues, la revolución de cliché Pierre Henri Lartigue, se encuentra en una nueva era de Valéry Giscard d'Estaing, presidente Young anunció que las reformas. Luego de regresar a la tradición, François Mitterrand posa para Gisèle Freund en la biblioteca del Elíseo como el general De Gaulle y Georges Pompidou. Mediante esta opción se afirma la legitimidad del acceso al poder de la izquierda, y decidió presentarse a sí mismo como un jugador de su tiempo conectado a la herencia textos, un hombre de pensamiento.

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In Francia, uno dei primi atti del nuovo presidente della Repubblica dopo il suo insediamento è di carattere protocollare. Deve decidere del ritratto ufficiale che segna il suo ingresso, con il titolo di Presidente, nella storia francese. L’aspetto formale, quanto l’attitudine, il luogo, gli attributi, i vestiti danno un valore all’immagine. Cosicché la piccola rivoluzione del cliché di Pierre Henri Lartigue, localizza nella nuova era Valéry Giscard d’Estaing, giovane presidente che annuncia le riforme. Poi, tornando alla tradizione, François Mitterand posa per una foto davanti a Gisèle Freund nella biblioteca dell’Elysée come il generale De Gaulle e Georges Pompidou. Da questa scelta afferma/dichiara la legittimità dell’accesso della sinistra al potere, e decide di presentarsi come un lettore del suo tempo legato ai testi patrimoniali, un’uomo di pensiero.

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Les Présidents et l'histoire :

En France, un des premiers actes du nouveau président de la République, après sa prise de fonction est de l'ordre de la représentation. Il doit décider du portrait officiel qui marque son entrée, à ce titre, dans l'histoire. L'aspect formel autant que l'attitude, le lieu, les attributs, le vêtement donnent du sens à l'image. Ainsi  la petite révolution du cliché de Pierre Henri Lartigue, situe dans une nouvelle ère Valéry Giscard d'Estaing, président jeune qui annonce des réformes. Puis revenant à la tradition, François Mitterrand pose pour Gisèle Freund dans la bibliothèque de l'Élysée comme le général de Gaulle et Georges Pompidou. Par ce choix il affirme la légitimité de l'accession de la gauche au pouvoir, et, décide de se présenter comme un lecteur de son temps attaché aux textes patrimoniaux, un homme de la pensée. Le lien entre le passé et présent, l'exemple à suivre ou  rejeter, sont des questionnements inhérents à l'exercice du pouvoir. C'est sans doute pourquoi, Emmanuel Laurentin a entrepris, de traiter dans son émission: la Fabrique de l'histoire, le thème de l'imaginaire historique des hommes et des femmes politiques en France1. Pour cela il diffuse des entretiens avec des femmes et hommes politiques interrogés en 2007 ou 2012, candidats ou non aux présidentielles.2
Ces entretiens mettent en lumière le fil reliant conception de l'histoire, et projet politique.
L'historien Patrick Garcia3 apporte son concours dans la dernière émission. S' interrogeant sur le type de rapport au temps des présidents successifs de la Ve République, il les classe en trois groupes. Il note en premier lieu une proximité entre le général de Gaulle et François Mitterrand, car tous deux sont attachés au récit national: une «idée de la France» pour le premier, une «vision de la France» pour le second.
Puis il rassemble Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing, reliés estime-t-il par leur volonté de modernité. L'histoire ne serait pour eux qu'un fardeau qui empêcherait la France de s'européaniser alors que l'économie et la géographie seraient plus précieuses pour se tourner vers le futur.
            Enfin Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy auraient en commun de « ré-envisager » l'histoire, chacun à sa manière. Jacques Chirac reconnaît le 16 juillet 1995 la responsabilité de la France dans la Déportation et ouvre la voie à de nombreux débats et revendications. Nicolas Sarkozy effectue un repli sur le roman national, mais sans qu'il soit permis de discerner la cohérence du projet.

Le roman national articule l'échelle chronologique

Il ressort de ces entretiens, et cela n'est  pas surprenant, que l'histoire familiale des personnes interrogées est principalement marquée par les guerres du XXe siècle.
En ce qui concerne les deux conflits mondiaux, les morts, les déplacements, les difficultés économiques ont été traumatisants. Malgré la difficulté à exprimer l'indicible, les témoignages directs ont été nombreux, l'horreur de cette barbarie a été transmise aux enfants et petits-enfants devenus adultes.
La mémoire de la Guerre d'Algérie, a la particularité de poser le problème moral et politique de la colonisation et celui de la division au sein des familles et des partis.
Par ailleurs, sur la question des origines, les intervenants s'accordent autour d'un héritage commun. Les valeurs philosophiques et politiques nées à Athènes, celles de l'organisation de l'État mises en place à Rome sont unanimement reconnues comme un idéal fondateur.
Chacun décrit son roman national. Patrick Garcia qualifie de «Clio nostalgie» l'énumération de Nicolas Dupont-Aignan qui inscrit l'État moderne en continuité de la longue chaîne des rois du Moyen-Age. 
Quant à la Gauche, elle se reconnaît dans la période des «Lumières» et de la Révolution française. Il faut cependant, souligner des distinctions. Daniel Cohn-Bendit apporte un soutien inconditionnel aux «sans-culottes», comme Marie-Georges Buffet aux femmes qui marchèrent sur Versailles, alors que Jean-Luc Mélanchon affirme son admiration pour les héros tels Robespierre et Saint-Just. Pour sa part François Hollande propose l'exemple de Condorcet le savant  et révolutionnaire préoccupé par la mission  éducative du Nouveau Régime.
Certains choix peuvent étonner et brouiller les repères. Visiblement, François Bayrou identifie son destin à celui du général de Gaulle en évoquant «l'émouvante figure de la traversée du désert», alors que François Hollande avoue son admiration pour Henri IV le réconciliateur de la nation et que Jean-Luc Mélanchon surprend lorsqu'il loue le génie politique de Louis XI.
D'autres «concilient les contraires» ajoute Emmanuel Laurentin en nommant, François Bayrou capable de réunir dans son panthéon Robert Schuman et le général de Gaulle, et Corinne Lepage  qui mentionne à la fois, le général de Gaulle et Pierre Mendès-France.

Une échelle géographique s'impose aujourd'hui


Tous convoquent les grandes figures de la paix ou de la non violence lorsqu'ils sont invités à dépasser le cadre national. Martin Luther King est cité par Jean-François Copé, comme par José Bové ou François Hollande. Ces derniers sont rejoints par François Bayrou dans l'évocation du Mahatma Gandhi. Mais l'ensemble des propos fait apparaître que le partage d'un certain imaginaire politique ne résiste pas à la pratique.
            Ainsi l'Europe occupe une place d'honneur dans le discours de chacun, une Europe rêvée, cependant, lorsqu'il s'agit d'aborder des modèles politiques ou économiques comme la question de la supranationalité, les clivages entre les partis sont réaffirmés. Cette discordance est inquiétante pour l'Union Européenne, association unique, née et construite par l'action collective, mais  à laquelle l'abandon des principes communautaires a infligé de graves dysfonctionnements  institutionnels.
Alors que certains hommes politiques se cramponnent au maintien de l'Europe des nations, les autres observent les nouveaux équilibres géopolitiques. Ils expliquent comme Patrick Garcia et Christophe Prochasson, historiens du temps présent, que la pertinence n'est plus au récit national, l'histoire aujourd'hui se conçoit à l'échelle européenne et mondiale. Patrick Garcia cite Michel Rocard s'adressant au MEDEF4: «les souverainetés nationales ont dépassé leur stade d'efficacité, elles entrent dans la période de nuisance.». Cette réalité ne nie pas les héritages et oblige au respect de l'Autre. C'est ce que nous entendons lorsque Daniel Cohn-Bendit5 évoque ses rencontres encore enfant avec des exilés politiques de tous pays, ou lorsque José Bové se réfère à la révolte de la Boston Tea Party, leur réflexion dit l'historien s'inscrit dans une histoire de la «mondialité». En ce sens, Daniel Cohn-Bendit confie à Emmanuel Laurentin que pour lui: «Nous sommes tous des Juifs allemands» fut l'un des plus beaux slogans de Mai 1968, non parce que cette idée est née de son exemple personnel mais parce que au contraire elle était universaliste.
Les historiens démontrent que les bouleversements de la fin du XXe siècle et le début du XXIe entraînent un «décentrement» de l'histoire, elle est aujourd'hui appréciée selon une échelle géographique et  fondée sur la reconnaissance  des valeurs universelles. C'est pourquoi, pouvons-nous ajouter, l'annonce de la création de la Maison de l'histoire de France a fait débat, ce projet dénote une régression par rapport au Musée des Arts Premiers inauguré en 2006. Fidèle à sa vocation première, le Louvre a rejoint, depuis 1992, une vingtaine de musées d'Europe et d'Amérique du Nord qui ont signé une «Déclaration sur l'importance et la valeur des musées universels».
La célébration du cinquantenaire de l'indépendance algérienne en 2012 pourrait contribuer à rappeler les effets de la domination impérialiste et coloniale et permettre d'éradiquer le nationalisme. Pourtant, au cours de l'émission nous comprenons que l'imaginaire historique souvent généreux, ne résisterait pas à la realpolitik.
Mais ce n'est pas la déception qui l'emporte à l'écoute de ces entretiens, au contraire sincères et spontanés, éloignés des propos de campagne électorale, ils donnent la possibilité d'entendre la diversité et de se réjouir du pluralisme caractéristique de notre république, ainsi, la déclaration de Jean-François Copé  «enfant de mon pays»  s'oppose à la «tendresse pour l'humanité» de Jean-Luc Mélanchon. Ces confessions dressent un état de la politique en France. Pour François Hollande, «l'histoire permet de comprendre le réel... de prévoir l'essentiel mais à condition de savoir relativiser..». L'émission d' Emmanuel Laurentin aide l'auditeur, au moyen de l'histoire, à mieux connaître ces femmes et ces hommes qui ont l'ambition de faire face au suffrage. Certains sont ou seront6 candidats à la fonction suprême. Savoir «ce qu'ils doivent à l'histoire» est enrichissant pour l'électeur français laissé seul, confronté à la difficulté de la démocratie directe, d'autant que  la pratique politique concentre l'exécutif  en la personne du chef de l'État.
Il revient au citoyen, par son vote, d'accorder à l'élue ou l'élu cette place dans l'Histoire.