20120104

Haïti/Europe et retour


Stanislas d'Ornano
Docteur en Sciences Politiques
----------------------------------------------------------------------------------

Haiti, a distant island for a European? Certainly not!  Not only would this be contrary to History, it would also symbolize a narrow understanding of the concept of Europe and its exposure to others.  Haiti was the first Black republic in history (1804).  Obtaining independence after the local population’s uprising against the French army, the country entered into a revolution whose significance is yet to be fully understood.  This was a lesson in freedom given by Haitians to Europeans.  Plus, the French, and all Europeans by extension, have yet to learn the history behind Haitian-French-European relations in order to fully grasp the types of relationships Europeans develop with the rest of the world.
 ---------------------------------------------------------------------------------- 
Haiti, bir Avrupali icin uzak bir ada mi ? Hayir. Bu dusunce tarihe aykiri olmakla beraber, Avrupa'nin dar, sinirli ve otekiye kapali bir dusunce oldugunu gosterir. Halbuki Haitililer 1804'te bir Cumhuriyet kurarak tarihte o dunyada insa edilen, yapilanan ilk Cumhuriyeti kurmuslardi. Kendilerini Fransizlara karsi savunan Haitililer onemli bir devrime imza atarak tarihte pek cok kulturun ders almasi gereken bir ayaklanmaya imza attilar.Hatta Avrupalilara bir ‘’ozgurluk’’ dersi verdiler. Kendilerine karsi. Ayrica Fransizlar ve uzanti olarak Avrupalilar  Fransa-Haiti-Avrupa iliskisini inceleyerek Avrupa'nin ''Otekiyle'' kurdugu iliskiyi daha iyi anlayabilirler
 ---------------------------------------------------------------------------------- 
Haiti, una isola remota per un europeo? Ovviamente no. Questo sarebbe non solo contrario alla storia, ma fa pure vedere una concezione stretta e limitata del’Europa e della sua apertura verso gli altri. E' stato li che la prima repubblica nera della storia (1804) fosse realizzata. Divenne indipendente dopo la rivolta degli schiavi contro l'esercito francese, il paese entra in una rivoluzione radicale per la cui dobbiamo ancora imparare il significato. Dà una lezione di libertà agli europei contro loro se stesso. Inoltre, il francese, e per estensione gli europei devono imparare la storia delle relazioni Francia / Haiti / Europa, cosi per poi potere analizzare le tipologie dei rapporti che gli europei stanno costruendo con il mondo esterno.
 ---------------------------------------------------------------------------------- 
Haïti et l’Europe ont cinq siècles d’histoire commune. En 1517, débuta la première déportation d’esclaves africains par les colons espagnols destinés à remplacer les indiens Arawaks massacrés, pour continuer l’exploitation des ressources de l’île, qui deviendra la « perle des Antilles ». Alors commença, pour le poète René Depestre «la longue saignée de la végétation de clarté de mon peuple ». Au cours de l’année 2010, d’autres écrivains ont débusqué derrière le séisme du 12 janvier – sur un mode intimiste (Dany Laferrière) ou anthropologique (Yanick Lahens)  les failles sociales, politiques, économiques, qui au-delà de la faille géologique, remontent à ces origines.
La pérennité de ces failles est appréhendée le plus souvent aujourd’hui comme l’expression d’une fatalité, d’une malédiction, d’une vocation à l’inexistence. L’objet des articles proposés est de mettre en relief des éléments et analyses qui, à l’encontre de cette paresse, campent le terrible face à face multiséculaire entre Haïti et l’Europe. Si les haïtiens d’aujourd’hui sont tout autant des descendants d’esclaves et des descendants de résistants à l’esclavage, c’est que le besoin d’une reconnaissance réciproque, mais aussi la persistance d’une double haine de soi (le « sanglot » de l’homme blanc ;  la méfiance à l’égard de toute institution humaine) constituent les ressorts d’une relation inscrite dans le temps long. Relation qu’une puissante tradition littéraire a su mettre en tension, entre mémoire et oubli.
Serons envisagés successivement les conséquences durables sur Haïti du système esclavagiste (I), la complexité des regards croisés entre intellectuels ou écrivains haïtiens et européens à propos de la question centrale de l ‘émancipation (II) et la thématique d’une nécessaire refondation sociétale, au cœur des stratégies contemporaines d’écrivains haïtiens (III). Le premier point sera traité autant sous l’angle des tensions spécifiques à la société haïtienne que celui d’une continuité d’un rapport de domination. Le second abordera le face à face entre une pensée radicale de l’émancipation – portée à la fois par les acteurs des événements ayant conduit à la première république noire (1791-1804) et par une tradition littéraire de résistance -, et ses impensés européens. Dans le dernier point enfin, il sera question de l’expression actuelle de cette vision d’émancipation, telle qu’elle se déploie dans des stratégies littéraires très différenciées : créole VS français ? Critique sociale et politique VS conquête d’une citoyenneté du monde ? Poétique de la tension entre mémoire et oubli.