20110210

Editorial

Dans ce numéro 2 de l’année 2011, nous ne ferons pas le récit des jours qui ébranlèrent la Tunisie d’abord, l’Egypte ensuite, et qui vont sans doute encore secouer longtemps le monde méditerranéen – cet éditorial une fois publié sera déjà en retard -, en obligeant d’ailleurs l’Europe à modifier sa conception du monde. Les femmes, les hommes, les enfants de ces démocraties en cours de constitution doivent raconter eux-mêmes comment et pourquoi ils ont manifesté obstinément et victorieusement, combien ils ont soufferts durant des années sous diverses autocraties et à quoi ils aspirent. C’est à eux d’expliquer aussi comment ils ont réussi, progressivement, à mettre en place une opinion publique suffisamment forte pour affronter les propagandes. Ils ont devant eux un travail, social et politique, colossal à accomplir, des décisions à prendre, qu’aucun modèle antérieur de révolution n’a inspiré et ne pouvait inspirer, sauf, sans aucun doute, une indignation constante enfin aboutie et un idéal de droit.
            Mais pour revenir à nous, et par là même à la position propre du Spectateur européen, outre le soutien philosophique et moral que nous pouvons apporter à tous les mouvements qui émancipent les humains, nous devons nous interroger au moins sur quatre points qui définissent notre attitude par son extériorité aux événements.
            D’une part, nous devons entreprendre l’examen sérieux de la position que nous avons à adopter vis-à-vis de ces révolutions, pour nous d’abord, en effet, « extérieures ». Cette fois, nous sommes essentiellement spectateurs d’une histoire en cours, à laquelle nous n’avons participé que par médias/images interposés ou contacts amicaux entretenus par courriels ou téléphone. Mais que signifie justement « être spectateur de l’histoire » ? Et de quel type doit être ce spectateur ? Lorsque Immanuel Kant, au 18° siècle, élabore le concept de cette posture, il occupe formellement la même position que nous (il regarde de loin la Révolution française). Pour lui, dans le fait d’être spectateur de cette histoire en cours, « il s’agit seulement de la manière de penser des spectateurs qui se trahit publiquement dans ce jeu de grandes révolutions et qui, même au prix du danger que pourrait leur attirer une telle partialité, manifeste néanmoins un intérêt universel […] » (Conflit des Facultés). Ce spectateur fait preuve d’une sympathie d’aspiration qui frise l’enthousiasme à l’égard de l’événement entrevu. Et c’est cette sympathie du spectateur qui décide de la disposition morale du genre humain.
A nous de nous poser maintenant la question : cette position du spectateur efface-t-elle vraiment la différence entre acteur et spectateur ? Et si oui, le spectateur ne peut-il, ne doit-il pas aussi agir, quoique autrement ? Certes, des rapprochements fructueux entre l’acteur et le spectateur ne peuvent avoir lieu si on ne distingue pas rigoureusement entre eux et si on ne différencie pas des types d’action. Il reste que le spectateur a bien aussi à sa disposition un terrain d’intervention à déployer : chez lui, dans sa maison, là où on mystifie la mobilisation des « autres » ; là où on maltraite leurs actions ; là où on voit se redessiner d’anciennes tensions, qu’il faut évidemment discuter.
            D’autre part et de ce fait, nous devons apprendre immédiatement à contrer, chez nous, les propos déplacés, les méconnaissances, les ruminations des discours malséants. Autrement dit, la position du spectateur de l’histoire ne saurait être passive dès lors qu’il se penche sur son propre présent (local et momentané) et sur les conditions qui sont faites, aux « autres », chez lui (images, réalités, fictions médiatiques, enrôlement dans des problèmes locaux, modes de discours). Et ceci doublement. Les conditions qui sont faites sous ses yeux aux « autres » dont une partie est exilée chez lui. Et, les conditions qui sont faites aux « autres » chez eux par nos propres propos, dès lors notamment que nous adoptons sans réfléchir la langue des pouvoirs : « menées subversives » à la place de « mouvements révolutionnaires », « saboteurs et casseurs » pour « citoyens », « développement » pour « pillage et népotisme », « ascension sociale » à la place de « chômage des jeunes diplômés », …
            D’un autre côté, il est nécessaire, et Le Spectateur européen tente sans cesse d’y contribuer, de revenir sur un certain nombre de mythes diffusés depuis longtemps et structurant notre rapport « européen » au monde. Sur ce plan, c’est notre idée de l’Europe qui est constamment interrogée et que nous avons à affiner. Loin d’avoir à céder aux discours identitaires et aux propriétés des Etats, aux langages de l’intérêt, de la géostratégie et du commerce, notre Idée de l’Europe doit être ouverte, le plus largement possible, à tout ce qui risque de la remettre en question, de l’interroger, afin qu’elle ne se dissolve pas et finisse par mourir de son auto-célébration aveugle.
            Enfin, pour élargir le débat à d’autres dimensions, occasion nous est donnée aussi de réviser les discours si nombreux et si fragiles concernant les technologies de transmission dans leurs rapports aux pouvoirs. Loin des fantasmes réactionnaires ou des exaltations technologiques, ce qui a manifestement importé dans l’usage accompli des téléphones portables, d’Internet et des transferts d’images, ce sont trois éléments. Certes, l’information, et son transfert, qui fut primordiale ; mais aussi la capacité à organiser quelques manifestations grâce à l’échange rapide de décisions ; et enfin, et sans doute surtout, la possibilité d’échanger des paroles au travers desquelles des volontés se sont affermies, des propos ont pris forme et des encouragements ont été prodigués jusqu’à renforcer une opinion publique autonome.
            En un mot, ces apprentissages de notre part se combinent pour nous rappeler que la transformation du monde – cette fois par le Jasmin et l’Eucalyptus - est encore à l’ordre du jour, malgré les discours portant sur la fin de l’histoire et l’éternel dimanche de la vie. Mais ils insistent aussi sur la nécessité de souligner que l’indignation sociale ou politique ne suffit pas à changer une situation, tant qu’elle n’est pas elle-même muée en révolution.

Christian Ruby

20110209

Tunisie Europe : le discours de l'avenir, le langage du passé.


Josette Delluc
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Speech by Guido Westerwelle, Federal Minister for Foreign Affairs, in the German Bundestag on 27 January 2010. Mr President, ladies and gentlemen, colleagues : The strength inherent in the concept of liberty is currently plain for all to see. We are seeing it not only in Tunisia but now also in Egypt. When this debate was planned, we all had events in Tunisia in mind. Now, we are seeing similar demonstrations or at least discussion of the same issues in the societies of other countries too. That is the often forgotten other side of globalization: values becoming globalized, democratic principles becoming globalized. At issue here is respect for human and civil rights. On this point, we share but one position across party lines. This Government – and, I have no doubt, this House – is emphatically on the side of democracy – whether in Tunisia or in Egypt. I have five things to say, because the process we are seeing will undoubtedly occupy us for some time, and not only here in the Bundestag or in the work of the Government but also in Europe and throughout the West, which is after all rightly called a community of shared values. Firstly – what we are experiencing disproves the claim that democracy and civil liberties make countries unstable. We are seeing exactly the opposite here. It is not civil liberties that make countries unstable, and it is not granting freedom that destabilizes them; stability is being shaken in these countries by the refusal to grant civil liberties. This fact also presents us with the clear duty to advance democracy wherever we can. The road to stability is through democracy. That is why we in Europe are particularly committed to this cause.

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Die Hoffnungen, die die tunesische Bevölkerung in die Entwicklung ihres Landes setzt, dürfen nicht enttäuscht werden. Deutschland unterstützt Tunesien auf seinem Weg in eine bessere Zukunft. Mit dem Aufbegehren gegen das autokratische Regime und dem Sturz Ben Alis hat Tunesien den Grundstein für einen Entwicklungsprozess gelegt, der inzwischen neben Ägypten auch auf andere Staaten der Region übergegriffen hat. Auf ihrem Weg in eine pluralistische und demokratische Gesellschaft, die eine kontinuierliche Verbesserung der sozialen und wirtschaften Lebensumstände der tunesischen Bevölkerung gewährleistet, bedarf Tunesien der Unterstützung der internationalen Gemeinschaft. Die Bundesregierung unterstützt Tunesien und seine Bevölkerung auf diesem Weg.

 
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La Tunisie vit un moment exceptionnel depuis le 17 décembre 2010, la « Révolution du jasmin » met fin à l'oppression sur le pays et à l'immobilisme dans la région. A cette occasion, nous avons pu observer, en direct, la force de la volonté populaire obtenir pacifiquement le changement.
La soudaineté des faits semble priver les observateurs de repères. Comment exprimer l'évènement ? L'historien ne bénéficie pas du recul du temps, l'analyste politique n'est plus guidé par la bipolarisation de la période de la Guerre Froide, et comprend que notre vision du monde arabe, construite depuis l'établissement d'une république islamique en Iran, est périmée. Les Européens convoquent leur passé et la Tunisie pour l'instant ne nous transmet pas de données spécifiques qui permettraient de dire cette situation inédite. Personne ne semble vraiment détenir le langage qui convient, sauf, sans doute, la nouvelle génération pour laquelle les mots accompagnent l'action.
De Tunisie, le récit des évènements est construit par des témoignages qui se réfèrent à 1789. Ainsi le 24 janvier 2011, un manifestant dénonce, à la radio, le gouvernement encore maintenu, 10 jours après le départ du dictateur : « la kasbah, c'est la Bastille de la Tunisie, et on va la démonter, comme les Sans-culottes français ont fait tomber la Bastille en 1789 ». Il apparaît que dans l'élan de l'action, rappeler les grands moments de la Révolution française permette d'énoncer les espoirs et de programmer les étapes du changement. Par ailleurs, 1789 est aussi un contre modèle qui doit servir d'expérience pour éviter les erreurs. Mais plus qu'à notre propre passé, les termes utilisés par les Tunisiens, et l'évocation des faits anciens, renvoient au schéma de l'évolution des sociétés et à la notion de progrès en Histoire. Ces déclarations semblent en réalité être fondées sur les études des penseurs du XIX e et XXe siècles qui, à partir du cas 1789, ont défini le processus révolutionnaire en tant que modèle universel.
En effet, les revendications sont exprimées selon un vocabulaire bien repérable, elles ne reposent pas sur le rêve d'un passé national, mythique et idéal mais s'inscrivent au contraire dans l'histoire mondiale. Le but est d'obtenir le respect des libertés fondamentales, les droits civils et politiques. C'est l'application des principes de la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 qui est exigée.
En France comme en Tunisie, les références à l'histoire de l'Europe semblent offrir un cadre d'explication. Plusieurs exemples souvent employés, ne manquent pas de pertinence, ils présentent cependant tous des limites.
Il en est ainsi du geste de désespoir du jeune tunisien Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, qui est rapproché de celui de Jan Palach, s'immolant à Prague le 16 janvier 1969. Certes, les circonstances de cet « acte politique parce que public » (1) transforment ces deux jeunes en martyrs, mais nous notons une différence de nature et de conséquence. Alors que le suicide de Jan Palach ne réduit pas l'occupation soviétique qu'il dénonçait, celui de Mohamed Bouazizi, au contraire, a pour origine une cause sociale et embrase la Tunisie.
Tout aussi insatisfaisante est la proposition de comparer « le printemps des peuples » de 1989 et la volonté de transformation, aujourd'hui, sur les rives du nord de l'Afrique. Certes, il est évident que la victoire tunisienne a encouragé une réaction de dimension régionale : après le renversement de Hosni Moubarak, en Egypte, le 11 février 2011, la contestation gagne en Libye, Algérie, Maroc et même à Bahreïn sur le golfe Persique. Pourtant, engager des assimilations entre les histoires politiques pour des périodes et des contextes différents n'est pas très opérant. En effet dans le cas du «printemps des peuples » de l'Europe centrale et orientale, en 1989, l'effet domino concernait les Démocraties populaires qui se libéraient du contrôle soviétique. Et c'est la décision de Gorbatchev de lâcher ces républiques pour tenter de sauver l'URSS du risque d'implosion qui a permis le démantèlement total du Rideau de fer. Or, aucun lien de ce type, aucune intégration n'assemble les pays méditerranéens et pourrait favoriser un basculement commun. Aujourd'hui, le point de ressemblance et cause directe des manifestations, est la souffrance sociale (3) dans des pays dictatoriaux où même les syndicats refusaient d'entendre les mécontentements de la base.
C'est ainsi que les révoltes de la faim connues dans l'histoire comme déclencheur révolutionnaire, sont encore, en 2011, à l'origine du mouvement revendicatif : « Du Maroc au golfe Arabo-Persique » (2) la pénurie alimentaire peut rappeler le problème de l'Europe de 1847-1848. Si la comparaison est rarement satisfaisante, il est vrai qu'elle permet de fonder la réflexion. Ce moment de l'histoire européenne paraît être le plus proche de la situation actuelle. Lors du « printemps des peuples » de 1848, la flambée révolutionnaire parcourt l'Europe à partir de la proclamation en France de la Seconde République. Les villes parmi lesquelles Vienne, Budapest, Prague, Milan, Turin, Berlin, Francfort accordent une constitution. C'était l'apprentissage de la démocratie en Europe qui malgré la reprise en main s'est poursuivie, non sans soubresauts, mais avec détermination (4). Nous pouvons supposer que, de la même manière, l'établissement de démocraties stables dans les différents pays des rives sud et est de la Méditerranée ne se réalisera sans doute que progressivement. Ainsi nous constatons que si la force de la cohésion populaire a été décisive en Tunisie et en Égypte, elle se heurte à une terrible répression en Libye où le dictateur entretient une confusion entre sa propre personne et l'État. De plus, nous ne pouvons pas écarter le risque de recul, comme la réapparition de l'empire en France en 1852. Une prise de pouvoir autocratique pourrait-être cette fois laïque ou religieuse.
Brosser à grands traits un croquis grossier permet de faire apparaître des similitudes. Pourtant 150 ans plus tard, et en d'autres lieux, la situation ne peut être identique, parmi les différences, il est remarquable que la dynamique majoritaire des démocrates est bien plus puissante aujourd'hui, alors que le mouvement du XIXe siècle n'était porté que par l'élite seule.
Ce n'est donc pas la référence au passé qui peut éclairer la donne actuelle, celle-ci doit être observée comme originale. Ainsi, est-il notable que les jeunes Tunisiennes et Tunisiens aient agi sans l'intervention d'un homme providentiel pour obtenir le respect des droits de l'homme dont n'ont bénéficié ni leurs grands parents qui avaient cru en Habib Bourguiba, chef charismatique de l'Indépendance, ni leurs parents sous l'autorité de Zine al Abidine Ben Ali. L'efficacité de ce mouvement tient à sa spontanéité, protégé de toute propagande et récupération, il a convaincu le peuple d'adhérer individuellement et massivement.
Remarquons d'autre part, que leur force a été celle de leur discours et de sa diffusion. La révolution a été gagnée en grande partie sur le clavier de leurs ordinateurs, outils de la modernité, pour dénoncer l'oppression, pour débattre et préparer les rassemblements en prenant de vitesse les autorités. Surtout, ils connaissaient la puissance des moyens actuels de communication qui transmettent l'information à l'échelle internationale. Ainsi l'évènement a été immédiatement officialisé, il a polarisé l'attention, et le petit pays Tunisie s'est métamorphosé en centre du monde. Parce qu'ils détenaient le médium approprié, celui de l'électronique, ils ont pris la parole, énoncé leurs doléances et ont aboli le système imposé pendant des décennies. Leurs mots ont été déterminants, tel le succès du verbe « dégage » qui utilisé sous forme argotique est devenu un impératif révolutionnaire en Tunisie, a été exporté en Égypte même en Libye, et entendu en Europe. Cette jeune génération imposant, par la parole, la transformation de son pays confirme que « Les mots sont des armes » (5).    
Une ère nouvelle de l'histoire de la Méditerranée ne peut-être inaugurée avec les mots du passé, le discours européen doit être renouvelé pour élaborer un futur commun.
Édouard Glissant opposait souvent la mer Caraïbes, mer ouverte, à la mer Méditerranée, mer fermée. Ce bassin où les débuts de la navigation datent de la Préhistoire (6) est propice aux échanges, aux relations entre les peuples de chaque rive. Entre l'Europe et la Tunisie le dialogue doit pouvoir être renforcé. Les signes envoyés par les manifestants sont positifs. D'une part, aucun ressentiment vis-à-vis de la France, ancienne puissance coloniale, n'est exprimé. D'autre part, le français qui est resté langue d'affichage de la Tunisie n'est pas rejeté, il figure au contraire sur les banderoles revendicatives, comme médium international. Par ailleurs, la pratique du français par l'élite intellectuelle et artistique explique les émouvants témoignages de joie lorsque après la suppression de la censure de la presse, les lecteurs retrouvent les journaux qui avaient été interdits : Le Monde, Libération, Le Canard enchaîné. A l'inverse, dans leurs premières déclarations, les responsables politiques français furent incapables de trouver les mots justes. Au Parlement européen, en dehors des déclarations du groupe « Les Verts », les réactions ont été bien faibles. En Allemagne, les journalistes ont remarqué avec étonnement la position très en retrait adoptée par Angela Merkel prête habituellement à soutenir de tels mouvements en rappelant son passé d'allemande de l'est.
Le discours favorable est d'abord venu des États-Unis d'Amérique, lorsque le 11 février, le Président salue « un nouveau commencement » dans le monde arabe puis, le soutien au processus de transition, et une aide financière de l'Europe sont annoncés, le 14 février, par Catherine Ashton et, le 2 mars, par José Luis Rodriguez Zapatero, lors de visites en Tunisie.
« Les mots sont des témoins qui parlent souvent mieux que les documents » (7). Au cours de la « Révolution du jasmin », les termes revendicatifs, exprimaient la situation de crise vécue dans le pays, les déséquilibres économiques et sociaux causés par les effets de la mondialisation et par les évolutions démographiques, politiques et intellectuelles internes.
Plus précieux encore, les mots vont permettre aux Tunisiens de conceptualiser les nouvelles structures de leur pays. Ils vont les choisir pour élaborer les institutions politiques, définir le rôle de l'État dans l'économie, la place de la femme, celle du religieux dans la société.
Dans son « Histoire du court XXe siècle » (8), Eric J. Hobsbawm démontre les échecs des deux utopies : libérale et marxiste, il se désespère de la dépolitisation des peuples occidentaux et conclut : « Nous ne savons pas où nous allons. Nous savons seulement que l'histoire nous a conduits à ce point et... pour quelles raisons. Cependant une chose est claire. Si l'humanité doit avoir un semblant d'avenir, ce ne saurait être en prolongeant le passé ou le présent. »
Malheureusement, l'extrémisme de droite gagne en Europe, et rappelle « les années noires ». Pourtant, plus au sud, la vague qui vient de submerger la Tunisie permet de nuancer le pessimisme de l'historien et laisse espérer en la construction d'un autre monde. Pour initier un modèle démocratique dans le nord de l'Afrique et inventer un espace d'égalité commun aux hommes de la Méditerranée, les chartes fondatrices du futur devront être rédigées avec les mots de demain.


Notes :

()    Smain Laacher, Pourquoi Mohamed Bouazizi s'est-il suicidé ? Le Monde, 22 janvier 2011.
(2) Olivier Piot, De l'indignation à la révolution, Le Monde Diplomatique, Février 2011.
(3) Philippe Chalmin, 1848 – 2011 : les révoltes de la faim, Le Monde Economie, 15 février 2011.
(4) La question des réformes agite aussi le monde arabe au XIXe siècle : Henry Laurens, L'Orient arabe, Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, Armand Colin, Paris, 2002.
(5) Caroline Fourest cite Robert Badinter, La dernière utopie, menaces sur l'universalisme, Grasset, Paris, 2009. Ajoutons avec l'auteure la nécessité de circonstances exceptionnelles pour que les mots l'emportent. En Tunisie ce fut  l'attitude de l'armée, fraternisant avec les opposants, et l'accès libre à internet et au réseau des téléphones cellulaires.
(6) Pierre Le Hir, Il y a 130 000 ans, les premier navigateurs de la Méditerranée, Le Monde, 22 janvier 2011.
(7) Eric J. Hobsbawm, Introduction de L'ère des Révolutions, Complexe, Bruxelles, 1988.
(8) Eric J. Hobsbawm, L'Age des Extrêmes. Histoire du court XXe siècle, Complexe, Bruxelles, 1999.



20110208

Ein Stein. Ein Name. Ein Mensch. «Un homme n'est réellement oublié que lorsque son nom l'est »


Hildegard d'Ornano
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Gunter Demnig first catches your eye, then your thoughts. Although the Cologne artist’s stolpersteine (stumbling blocks) are neatly paved into the sidewalk, they force passers-by to stop and read them. “Here lived” begins the inscriptions engraved in brass on the concrete squares measuring about four inches—on each one, just the name, date, and place of death of an individual killed by the Nazis. But this basic information about the fate of one person among 6 million has the power to create questions in the minds of pedestrians. What he began in 1993 is becoming the largest monument to the victims of National Socialism; it is a constantly expanding mosaic. “It is for all the victims,” says Demnig, “Jews, gypsies, homosexuals, and resistance fighters.” Sometimes, however, Demnig’s idea provokes oppostion. Cities such as Munich and Leipzig don’t allow the stones, and there are homeowners who try to avoid them in front of their doors. But that can’t stop the project. “It has become an avalache: Every day we have requests for stumbling blocks”, says Uta Franke, Demnig’s partner who has meanwhile taken over the project’s organization and documentation. “In many cities, towns and even villages, just the idea to set a stone starts a new wave of discussion and research about the Nazi past.” 

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A la mémoire des victimes de l’extermination en Allemagne, une cause européenne ? L’artiste Günther Demnig (Cologne) parcourt les trottoirs des villes Allemandes (60 actuellement sont prises par le projet) pour y planter ses Stolpersteine. Ces pierres sur lesquelles on bute, ces pierres d’achoppement (il convient, en français, de conserver ces deux traductions) petits pavés de laiton, sont implantés là où vécurent des victimes des persécutions nazies. Elles obligent le passant à s’arrêter et à lire ce qui est gravé sur elles : Ici vécut X ou Y. Suivent un nom, une date, et un lieu de décès. Ces informations extrêmement limitées ont une double fonction : d’une part, favoriser une série de questions dans l’esprit du passant devenu alors spectateur ; d’autre part, rappeler qu’un homme n’est réellement oublié que lorsque son nom l’est. Et sur ce plan, on se souvient de la « politique » nazie qui a consisté à supprimer les registres de noms afin que les victimes soient doublement disparaissantes. Restaurer ces noms, c’est lutter contre les effets légués par le nazisme, tout en ressaisissant la culture allemande et la culture européenne dans leur travail nécessaire sur l’exclusion interne, l’éradication de l’autre, et l’illusion dangereuse de l’homogène et de la pureté. L’une et l’autre ont de toute manière autre chose désormais à offrir au monde parce que la condition politique antérieure demeure vive.

 
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La memoria delle vittime dello sterminio in Germania è un problema europeo?  L'artista Günther Demnig (Colonia) percorre i marciapiedi delle città tedesche (60 sono attualmente adottate dal progetto) per piantare la sua Stolpersteine. Queste pietre su cui inciampiamo, questi ostacoli ( in francese, conviene mantenere queste due traduzioni) ,piccoli blocchi di ottone, si trovano dove vivevano le vittime della persecuzione nazista. Costringono il passante a fermarsi e leggere quello che è inciso su di esse: Qui visse X o Y ; Dopo una data, un nome e luogo di morte. Si trattano di informazioni estremamente limitate che hanno una duplice funzione: da un lato, promuovere una serie di domande nella mente degli spettatori, e di un altra parte, ricorda che un uomo è veramente dimenticato solo quando lo è suo nome. A questo proposito, ricordiamo la “politica” nazista, che è stata di eliminare le liste di nomi in modo che le vittime siano doppiamente scomparse. Il ripristino di questi nomi lotta contro gli effetti del nazismo, pur ricordando la cultura tedesca e cultura europea nel loro lavoro sull'esclusione interna, l’eradicazione degli altri e la pericolosa illusione omogeneità e purezza. Questi hanno un altra cosa da offrire al mondo ora, perché la condizione politica precedente rimane sempre molto forte.
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Seit ewigen Zeiten erinnern Denkmäler an geschichtliche Ereignisse, an Kriege und Siege, an Tote und Vermisste. Auch Mahnmale haben ihren Einzug genommen, um an Gräueltaten zu erinnern und die Besucher zu Menschlichkeit zu mahnen.
Denk mal! Ein Aufruf, ein Imperativ, der den Flanierenden im Vorübergehen nicht immer erreicht, ein Appell, der manchmal nicht bis ins Herz vordringt.

Gunter Demnig hat es sich zur Aufgabe gemacht, uns und unsere Zeitgenossen zum Stolpern zu bringen.
Seine Stolpersteine sind kleine Messingwürfel, Pflastersteine mit 10 mal 10 Zentimeter groβen goldglänzenden Messingplatten, in den Boden oder in den Bürgersteig eingelassen, vor der Tür des Hauses , in dem die letzte selbst gewählte Wohnung des Menschen war. Jeder Stolperstein erinnert an ein Leben, an ein Opfer des Nazi-Terrors. Man soll über das ermordete Leben der Juden, Homosexuellen, Sinti, der ‚Politischen‘, die verschleppt und getötet wurden, an Zeugen Jehovas und an die Euthanasieopfer stolpern. Die Lebensdaten sollen für kommende Generationen unvergesslich gemacht werden. Schlicht ist das Konzept, eindringlich die prägnante, schreckliche Zusammenfassung des zu kurzen Lebens:

„Hier wohnte Wolfgang Horst Kanninka,* 1926, deportiert 1942 nach Minsk“. – 16 Jahre alt.
„Hier wohnte Heinrich Rosenberg, Jg.1923, deportiert 1940, Gurs, ermordet 1942 in Auschwitz“, 19 Jahre alt.
„Hier wohnte Dr. Edith Stein, Jg.1891, Flucht 1938/ Holland, Lager Westerbork 1942, ermordet 1942 in Auschwitz“

Die Familie von Anne Frank (1929 – 1945) floh aus Aachen, wo ihr letzter selbst gewählter Wohnort das Haus der Großmutter war, nach Holland. Ihre Stolpersteine, Annes, die ihrer Schwester und ihrer Mutter, wurden demgemäß am Pastorplatz 1 in Aachen eingefügt. (1)

„Ein Mensch ist erst vergessen, wenn sein Name vergessen ist.“ sagt Gunter Demnig. Er will den Opfern, die in den Konzentrationslagern zu Nummern degradiert wurden, ihre Namen zurückzugeben und kniet deshalb unermüdlich auf Bürgersteigen, um seine kleinen Mahnmale zu verlegen und für alle spürbar zu festigen.

Die Journalistin Elke Heidenreich schreibt in ihrem Vorwort zu Kirsten Serup-Bilfeldt, „Stolpersteine“, 2003 :“Die  [die Steine] – versteht man, sie richtig zu lesen – erzählen, dass deportiert, abgeführt, gefoltert, misshandelt, gemordet wurde. Vielleicht leben die Nachbarn noch, und vielleicht haben sie damals furchtsam hinter den geschlossenen Gardinen oder dreist auf ein Kissen gestützt am offenen Fenster den Abtransporten zugeschaut, jener Tragödie, von der dann keiner gewusst hat.“(2)

 
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« Les pierres à trébucher  - si on les lit bien – racontent, qu’ils furent déportés, enlevés, torturés, maltraités, assassinés. Peut-être que les voisins vivent encore, et peut-être qu’autre fois, ils se tenaient, angoissés, derrière des rideaux fermés, ou ils assistaient sans vergogne, la fenêtre ouverte, appuyés sur un coussin, au spectacle de la déportation, à la tragédie dont plus tard personne n’avait eu connaissance. »

 
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Demnigs erste Aktion zur Erinnerung an die Deportation von Sinti und Roma führt ins Jahr 1990, im Jahre 1993 entwirft er sein Projekt STOLPERSTEINE, vier Jahre später verlegt er erste Steine in Berlin-Kreuzberg, eine Aktion, die zunächst nicht genehmigt, später aber legalisiert wurde. In anderen Städten gab es auch Widerstand, seitens der neuen (oder alten) Hausbewohner, die sich stigmatisiert fühlten, oder mit der Überlegung, dass ein solcher Gedenkstein den Wert der Immobilie mindere. Ebenfalls von Seiten einiger Mitglieder jüdischer Gemeinden, die das Projekt z. B. in München ablehnten. Die Namen der ermordeten Opfer sollen von niemandem mit Füßen getreten werden(3).
Demnig selbst findet die Reaktion eines Schülers für sehr treffend, der die Wirkung der Stolpersteine beschreibt: „Nein, nein man stolpert nicht und fällt hin, man stolpert mit dem Kopf und mit dem Herzen“. Das ist für den Künstler die schönste Definition: « On ne trébuche pas et on ne tombe pas  par terre. On trébuche avec la tête et avec le cœur. » (4)
Inzwischen ist die Initiative Demnigs ein Kunstprojekt für Europa geworden und findet in vielen Ländern Unterstützung z.B. in den Niederlanden (5) 
In Rom wurden am 28. Januar 2010 an 8 verschiedenen Orten 31 Stolpersteine verlegt, die an die Opfer des Nazi-Regimes und des Faschismus erinnern. Carla Di Veroli, Ministerialrätin für Kulturpolitik, sagte: “Wir dürfen nicht vergessen, dass die Juden und Angehörigen anderer Opfergruppen deportiert wurden, weil die Nazis es befahlen, sondern auch, weil die italienischen Faschisten in den städtischen Ämtern das Hitler-Regime unterstützen.“(6)
In „Le Monde“ vom 12. Oktober 2010 schreibt Frédéric Lemaître in „lettre d’Allemagne“ über die Pflicht sich zu erinnern, zitiert die Rede von Weizsäcker im Jahre 1985 vor dem Bundestag und beschreibt die Stolpersteine. „ Depuis, l'Allemagne se souvient. Elle n'arrête même jamais de se souvenir. Cela est particulièrement vrai à Berlin, où l'histoire s'impose à chaque pas. Dans le quartier Schöneberg, au pied de l'immeuble où Le Monde a son bureaux, six Stolpersteine (littéralement "petites pierres sur lesquelles on bute") en laiton sont insérées dans le trottoir. Elles indiquent que six habitants juifs de l'immeuble sont morts en déportation en 1942. A l'origine de ce projet qui remonte aux années 1990 et concerne toutes les victimes du national-socialisme, Gunter Demnig, un artiste pour qui "un homme n'est réellement oublié que lorsque son nom l'est". On retrouve ces pierres, financées par des dons, dans plusieurs pays."
Demnig gibt zu Bedenken, dass in ganz Europa 6 Millionen Stolpersteine in den Boden eingelassen werden müssten, in allen Städten und vor jedem Haus, aus dem Mitmenschen verschwanden.
 
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Demnig donne à réfléchir en disant que partout en Europe, six millions de pierres devraient être mises sur le chemin des citoyens, dans toutes les villes et devant chaque maison, où disparaissaient des voisins.
 
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Bis April 2010 wurden über 22.000 Steine in etwa 530 Städten und Gemeinden in Deutschland, den Niederlanden, Belgien, Italien, Norwegen, Österreich, Polen, Tschechien, der Ukraine und Ungarn gesetzt. (7) Stolpersteine für Dänemark und Frankreich befinden sich in der Planung. Des projets des „pierres à trébucher“ existent pour le Danemark et pour la France.
(1) Aachener Nachrichten, an-online.de, 7. Mai 2009
(2) Kirsten Serup-Bilfeldt, Stolpersteine. Vergessene Namen, verwehte Spuren. Wegweiser zu Kölner Schicksalen in der NS-Zeit. KiWi – Verlag, Köln. 2003
(3) taz.de vom 26. Juni 2008, „Wer gedenkt am besten?“ Artikel zum Streit über Stolpersteine in München: „Sie(Frau Knobloch) empfindet sie als entwürdigend, unter anderem weil Nazis auf ihnen rumtrampeln und Hunde auf sie pinkeln könnten.“
(4) http://www.arte.tv/de/Die-Welt-verstehen/Geschichte/NAV-A-l-antenne/Stolpersteine/2101550.html
(5) Voor de gedeporteerde joden in Doesburg zijn vanaf nu tien steentjes in de straten van het stadje neergelegd om ze te gedenken. http://www.gelderlander.nl/video/regionieuws/article4912775.ece
(6) Zitat aus der Homepage des Künstlers
(7) http://de.wikipedia.org/wiki/Stolpersteine#

20110207

StruGGGGgel against AIDS.

Martin Winkelheide/jen
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    Le combat contre le SIDA continue. Il est mondial, et donc aussi européen. Nous publions ci-dessous un article portant sur le développement des vaccins contre le SIDA en Europe. Ce qui permet, au passage, de relier les différentes situations que l’on peut découvrir dans le monde, notamment relatives aux soins.
Da quando l’HIV, il virus che provvoca l’AIDS, fu scoperto nel 1982, scientifici attorno al mondo hanno provato a creare un vaccino contro questa malattia. Ma 29 anni dopo la sua scoperta, e 23 anni dopo il primo World AIDS Day (giorno dell’AIDS) il 1 dicembre 1988, il mondo sta ancora ad aspettare per il grande avanzamento. Ciononostante, I scientifici non hanno abbandonato l’impresa. Sanno che un vaccino effettivo potrebbe efficacemente fermare l’espansione dell’AIDS.
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So konnte es nicht weitergehen. Die Zeit ist reif. Lippenbekenntnisse haben uns jahrzehntelang nichts gebracht. Jetzt ist Ausnahmeregel nötig, um die Kompetenz des vaccins einzubringen. Wir hoffen : im neuen Jahr wird alles besser. 

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AIDS'e karsi savas devam ediyor. Hem Avrupa capinda hemde Dunya capinda. AIDS'e karsi uretilen asilarin gelisimiyle ilgili bir makale yayimliyoruz. Bu makale ayni zamanda dunyada sagligin yerini de ele almak acisindan onem tasiyor. 

 
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The battle against AIDS continues.  Being a global affliction, it is naturally also a European concern.  We publish below an article concerning AIDS vaccines in Europe.  This enables us to correlate the issue with a more general one, that of healthcare and treatment as a whole.
Since HIV, the virus that causes AIDS, was discovered in 1982, scientists around the world have been trying to create a vaccine against it. But 28 years later after its discovery, and 22 years after the first World AIDS Day on December 1, 1988, the world is still waiting for the big breakthrough. Nevertheless, scientists haven't given up yet. They know that a well tolerated, effective vaccine could effectively stop the worldwide spread of AIDS.
Developing an AIDS vaccine is an ambitious undertaking. There have been signs of promise, but setbacks as well, largely due to the changing nature of the virus. The fact is, there is no single strain of the human immunodeficiency virus (HIV), but many viruses, all of them slightly different. "The virus is constantly changing, altering its structure, its genetic composition. That makes it harder for the immune system to fight," said Gerd Faetkenheuer, a professor at the University Clinic in Cologne, in an interview with Deutsche Welle. When a person is infected with HIV, his or her immune system develops antibodies that fight the virus, but he or she is unable to stop it from spreading.
Simulated antibodies created in the lab
"Everyone who is infected, every patient, has antibodies. But these antibodies don't protect against the virus - as a rule, they just indicate it," Faetkenheuer said. Researchers have been able to create simulated antibodies in the lab that are better than natural ones. They can protect people from numerous HIV strains and can even stop the virus from entering and infecting cells. But it's not clear whether these molecules will be able to function outside of the lab.
A further approach to vaccine research aims to teach the immune system what HIV-infected cells look like, so that the body can recognize the cells and get rid of them. According to Faetkenheuer, this kind of vaccine wouldn't be able to prevent infection, but could at least teach the body how to control it.  "We need immune cells that can recognize and kill the virus," he said. "A major problem in HIV infection is that the virus attacks the immune cells as well. You can even say that it attacks the most important cells of the immune system - the helper cells. They control the immuno-response."
The Thai exception
None of the possible vaccines that have been tested on people so far have proved effective - with one exception. In Thailand, a combined vaccine was effective to a certain level. Its double aim was to stimulate antibody production while teaching the immune system to recognize infected cells. In a test group, those vaccinated showed 31 percent fewer incidents of infection. This is the first small success after a series of setbacks. Yet there is one major problem: to this day, researchers cannot explain how the vaccine worked, and they aren't sure whether or not the results can be trusted.
"[31 percent] is a very slight difference, which also can be affected by external factors," Faetkenheuer said. "So we can't be sure if it was a real result, or if external factors that we haven't yet identified played a role."
Looking for answers in healthy populations
Researchers hope that a new, detailed analysis of the Thai experiment - already underway - will bring an answer to this question. Results are expected in around two years. So what does a vaccine need to be able to do in order to protect someone from contracting HIV? Dr. Bruce Walker, an AIDS expert at Boston University, is looking for the answer. He is testing carriers of the HIV virus who have the unusual ability to control the virus to the point where it almost doesn't replicate at all.
    A vaccine tested in Thailand has shown promise; further studies are being done
Walker has discovered genetic material in these subjects that doesn't exist in other HIV patients. "The challenge is now for us to reach the point that we understand the mechanism and find out how to really control the virus," he said. But there is likely to be a long road before that point is reached. There may never be a 100 percent reliable vaccine against HIV - but even a vaccine with a 50 or 60 percent protective effect could help to slow the spread of the virus, experts say.
Multifaceted strategy for fighting the disease
A complete disease-fighting strategy wouldn't rely entirely on the vaccine. Other techniques include: condoms, male circumcision, and medication. Because as it turns out, HIV-infected patients who are medically treated are less infectious, Faetkenheuer said.    
"At present, the most successful tool we have isn't vaccination, it is treatment," Faetkenheuer said. "When people are treated, it means that fewer people will be infected. The problem with that, however, is that even in wealthy Europe, about half of the people who are HIV positive don't know it. "If they don't do an AIDS test, they can infect other people without even wanting to," said Jens Lundgren, a professor at the University of Copenhagen. "They don't know that they are a risk for their partner, and a risk for society."
As ever, taking a simple AIDS test is one method for proving an existing infection - and for getting early treatment. And it is still the surest way to know whether or not you could spread the virus to other people.

20110206

Observatoire des inégalités.


    Dans sa lettre du 12 novembre 2010, l’Observatoire des inégalités produit une étude sur les minorités ethniques et les contrôles de police en Europe, de nos jours. En voici les résultats. 

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Der « Observatoire des inégalités » existiert seit viele Jahren. Er arbeitet immer enger mit Umfragen. Hier einige Ergebnisse über die Beziehungen zwischen Polizei und ethnischen Minderheiten. Dieser Befund gilt auch für Alle. Das ist natürlich nicht total subjektiv. Darauf einigten sich alle jury in Europa.
      
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12 kasim 2010 tarihinde yazdigi mektupta, Esitsizlik gozlemevi Avrupa'daki etnik azinliklar ve polislerin kontrolunu inceyelen bir arastirma yayimladi. Iste sonuclar.
 
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In its letter of November 12, 2010, The Observatory for Inequalities produced a study focusing on ethnic minorities and police monitoring in contemporary Europe.  Here are the results.
 
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Nella lettera del 12 novembre 2010, l’Osservatorio delle disparità pubblica uno studio sulle minorità etniche e dei controlli fatti fa poliziotti in Europa oggi. Qui sono i risultati.
    
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Dans sa lettre du 12 novembre 2010, l’Observatoire des inégalités produit une étude sur les minorités ethniques et les contrôles de police en Europe, de nos jours. En voici les résultats.
Les minorités ethniques sont davantage contrôlées par la police que le reste de la population en Europe, selon un guide publié par l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) pour lutter contre le profilage discriminatoire. En France, 38 % des personnes originaires d’Afrique subsaharienne et 42 % des personnes originaires d’Afrique du Nord déclarent avoir subi un contrôle de police au cours de l’année. Ils ne sont que 22 % au sein de la population dite "majoritaire". Ces proportions sont les mêmes dans tous les pays observés, à l’exception de l’Italie et de la Slovaquie. Parmi les groupes minoritaires interrogés dans les dix états membres sélectionnés, il ressort que les Roms et les Nord-Africains sont les groupes les plus fréquemment contrôlés. Ce "profilage ethnique" est pourtant interdit au sein de l’Union européenne. Mais attention : si le résultat corrobore ceux obtenus lors de l’enquête proposée par Fabien Jobard et René Lévy, Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris, il reste que cette enquête est cette fois déclarative et se fonde donc uniquement sur le ressenti des personnes interrogées.

20110205

La Laïcité et les laïcités

ITW de Jean Baubérot

Kerim Uster
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    Le débat sur la laïcité est loin d’être clos en Europe. Il ne l’est sans aucun doute pas plus ailleurs. Mais justement, il convient de ne pas oublier que nul ne s’entend vraiment sur le sens à donner au terme « laïcité ». Entendons par là, non pas que le terme même soit ambigu, mais que l’histoire, le contexte, la constitution de chaque pays l’a traduit différemment, dans les discours comme dans les actes. Dans un premier temps, l’important est que chacun accepte déjà de faire l’effort de s’expliquer sur le contenu qu’il impose à l’idée de laïcité, et simultanément, d’entendre ce que chaque autre propose. Viendra ensuite le temps de la discussion. Jean Baubérot fait ici un point partiel sur la question.

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In Europe, the question of secularism is far from being resolved.  From an inventory standpoint, we should not talk of “secularism” but “secularisms” in Europe.  Debates should occur according to this logic, if only to link these different secularisms with one another.  Jean Beaubérot, in the interview below, makes us reflect on this issue from the perspective of Europe’s “margins”, namely the Turkish example, which will undoubtedly be hugely influential on the liberated Arab countries’ constitutions.
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Il dibattito sulla laicità è lungi dall'essere concluso in Europa. E sicuramente non piu altrove. Ma appunto, non va dimenticato che nessuno ha capito il significato del termine "laicità". Con questo cerchiamo di dire, non che il termine è ambiguo, ma che il contesto della storia, la costituzione di ogni paese si è tradotta in un modo diverso nel linguaggio e nei fatti. In un primo tempo, la cosa importante che tutti devono accettano già di  fare lo sforzo di spiegarene la nozione di laicità, e nello stesso momento, di sentire ciò che ogni altra persona offre. Poi viene il tempo per la discussione.  

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Kerim Uster : Vous avez déclaré lors du débat sur le port de la buqua que l'Etat n'avait pas à se mêler de « ce qui et bon ou mauvais » pour les citoyens. Cela veut-il dire que l'Etat, en Turquie, n'a pas son mot à dire concernant le port du voile dans les universités ?
 
Jean Bauberot : La laïcité, c'est avant tout la liberté. Je ne dis pas qu’elle n’a pas de limites. Néanmoins, je pense qu'en Turquie les femmes devraient avoir le droit d'entrer dans les universités avec un voile. En même temps, les turcs souhaitant, par exemple, boire du vin doivent aussi avoir la liberté de consommer cela aux quatre coins de la Turquie. Les sociétés modernes doivent de plus en plus s’habituer à accepter les différences. Ainsi dans des villes telles que Paris ou Istanbul, des femmes portant des jupes et des femmes portant le voile doivent s'accepter et vivre ensemble. Il ne faut pas voir une femme voilée comme une terroriste et voir la femme portant une jupe comme une fille perdu. La laïcité, c'est avant tout créer les conditions du vivre ensemble.
KU : Lorsqu'on parle de la laïcité, on pense avant tout à la séparation de l'Etat et des Eglises. Pourtant, vous dites que cet élément n'est pas l'élément central de la laïcité ?
 
JB : Il faut distinguer entre les moyens et les finalités de la laïcité. En effet, le philosophe français, Ferdinand Buisson, définit la laïcité  comme « la neutralité de l'Etat à l'égard des Eglise » mais en vue d'assurer la liberté de conscience et l'égalité des citoyens. Ainsi, les finalités de la laïcité sont plus importantes que les moyens de la laïcité. Or, la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est qu'un moyen. L'important est d'assurer la liberté de conscience et l'égalité des citoyens.
 
KU : Quelles limites de la laïcité dans ce cas ?
 JB : La limite réside dans l'établissement d'un équilibre entre les finalités et les moyens de la laïcité qui se résume en quatre critères : la liberté de conscience, l'égalité des citoyens, la séparation de l'Eglise et de l'Etat et la neutralité de l'Etat.
KU : Vous préférez parler des laïcités davantage que de la laïcité ?
JB : Oui, tout à fait. Je ne crois pas en un modèle unique et universel de la laïcité. Certes il faut atteindre un certain équilibre entre les 4 critères dont je vous ai parlé. Néanmoins, chaque laïcité a sa propre réalité et se définit par rapport à sa propre histoire ainsi que par rapport à son propre contexte. Par exemple, la France a un modèle d'Etat centralisé alors que l'Angleterre a une construction plus adaptée au pluralisme. Du coup, ce ne sont pas les mêmes règles du jeu pour les deux pays. Aux Etats-Unis, la séparation de l'Eglise et de l'Etat existe depuis 1791. Cela dit, la religion étant très présente dans la société civile, les hommes politiques se permettent de faire des références à la Bible.
KU : Revenons à la laïcité turque. Il existe en Turquie un ministère des affaires religieuses (le Diyanet) lié au Premier Ministre. L'existence de ce ministère constitue-elle une atteinte à la laïcité ?
JB : Il y a là un problème dans la mesure où l'existence de ce ministère signifie que l'Etat contrôle la religion. Un autre problème réside dans le fait que ce ministère repose sur l'islam sunnite. Ainsi, en Turquie, on observe une laïcité à deux vitesses : l'Etat est indépendant à l'égard de la religion mais la religion n'est pas indépendante à l'égard de l'Etat.
KU : Quelles sont les particularités de la laïcité turque ?
JB :  La laïcité turque est originale. Elle a permis d'intégrer la Turquie dans la modernité sans la mettre sous la dépendance de l'Occident. En effet, le fait que la Turquie se soit inspiré de pays européens tels que la France lui a permis d'échapper à la colonisation.
  
KU : Vous décrivez la laïcité turque comme une « laïcité autoritaire ». Ces deux termes ne sont-ils pas contradictoires ?
JB : Je vous ai bien dit que la laïcité turque était originale. Du point de vue du droit des femmes, par exemple, la laïcité turque a contribué à la démocratisation du pays. Les femmes ont obtenu le droit de vote dans les années 1930. On peut même dire qu'à ce sujet la laïcité turque a évolué plus rapidement que la laïcité à la française. Cela dit, cette laïcité s'est aussi organisée pendant longtemps autour d'un parti unique et du contrôle de l'armée. Il s'agit donc d'une laïcité contradictoire : elle a, d'une part, contribué au processus de démocratisation tout en le limitant, d’autre part.
 
KU : Depuis l'arrivée au pouvoir du parti AKP, un certain nombre de turcs craignent la « disparition » de la laïcité en Turquie. La laïcité turque est-elle en voie de disparition ou est-elle en cours de redéfinition ?
 
JB : Je ne peux pas répondre clairement à cette question. Il y des rumeurs comme quoi certaines mairies interdiraient en Turquie la consommation d'alcool. En même temps, force est de constater que le sort des minorités s'améliore en Turquie. De loin, malgré ses points faibles, je pense que dans l'ensemble la laïcité turque évolue bien.
KU : Pourtant, certains hommes politiques continuent d'insister sur l'incompatibilité de l'Islam et de la démocratie ?
JB : Cet argument n'est pas sérieux. Une religion ne vit pas toute seule, elle vit à travers ses croyants et évolue par conséquent en fonction d'eux. L'Islam a pendant longtemps vécu avec le califat. Mais il a aussi prouvé qu'il pouvait vivre sans. Par ailleurs, rappelons que le pluralisme existant sous l'Empire ottoman n'existait en aucun cas dans le monde chrétien. D'ailleurs, pour moi, le système des millets de l'Empire ottoman figure dans ce que j'appelle la « préhistoire de la laïcité », car il a contribué à l'émergence de la laïcité. En effet, il était, par exemple, beaucoup plus facile d'être juif sous l'Empire Ottoman que d'être juif en France. D'ailleurs, rappelons qu'au XIX° siècle, les défenseurs de la laïcité prenaient pour exemple le pluralisme de l'Empire ottoman. Ils défendaient l'idée selon laquelle  l'Islam était une religion plus ouverte et moins dogmatique que le christianisme.




20110204

Literature in eastern central Europe since 1989 (I)


Katharina Raabe
editor for eastern european literature at Suhrkamp Verlag
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After 1989, uncensored editions of many classics of contemporary eastern European literature became available, and numerous authors were discovered for the first time in the West. Meanwhile, a younger generation of writers, their imaginations liberated by events, were quick to respond to the new appetite for understanding the communist past. Katharina Raabe, editor for eastern European literature at Suhrkamp Verlag, surveys some of the most important of these authors and describes German publishers' role in bringing them to western readers.
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La littérature de l’Europe de l’Est n’est sans doute pas familière à beaucoup. Nous avons choisi – en deux volets – de republier un article d’un auteur allemand portant sur les oeuvres nées après la Chute du Mur (1989). Une nouvelle génération d’écrivains est née, libérée des carcans antérieurs. Elle est inventive, même si encore souvent elle se penche sur le passé.
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Auch wenn es in einer globalisierten Kunstwelt kein Zentrum mehr gibt, die Kunstinteressierten zwischen London, New-York, Basel, Paris, oder Istanbul unterwegs sind, und vergessen viele kleine Zentren. Ost-Europa aber hat doch etwas zu bieten. Zum Beispiel : Literatur. Es geht nicht um Vergangenheit, eher um Lebensgefühl. Entscheidende als die historische Wahreit ist es, dem Lebensgefühl der Literatur Figuren möglichst gerecht zu werden. Ist dies alles die Warheit ? Es ist mehr als die Warheit. Es ist Dichtung. Am Ende entscheidet die Literatur und nur die Zählt. Ya, innerhalb Europa hat nicht Ost-Literatur ein gutes Image. Das durfte sich lagsam, aber sicher andern.
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Dogu Avrupa edebiyatiyle ilgilen pek fazla insana rastlanmiyor. Alman bir yazar Berlin Duvari'nin yok olmasiyla birlikte dogan eserleri tanitiyor. Iste bu makaleyi yayimliyoruz. Yeni bir yazar jenerasyonu dogdu, daha ozgurlukcu bir jenerasyon. Gecmisine fazla baksa da yaratici bir jenerasyon bu.
 
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Dopo il 1989, le edizioni non censurate di molti classici della letteratura contemporanea dell'Europa orientale si sono resi disponibili, e numerosi autori sono stati scoperti per la prima volta in Occidente. Nel frattempo, una giovane generazione di scrittori, che con la loro immaginazione liberata dagli eventi, sono stati rapidi a rispondere al nuovo appetito per la comprensione del passato comunista. Katharina Raabe, impegnata             vivamente  nella letteratura dell'est europeo in Suhrkamp Verlag, indago` alcuni tra i più importanti di questi autori e descrive il ruolo degli editori tedeschi 'a portarli a quelli occidentali. La letteratura dell'Europa dell’Est è probabilmente sconosciuta a molti. Abbiamo scelto di ripubblicare -in due parti - un articolo scritto da un autore tedesco sulle opere create dopo la caduta del Muro di Berlino (1989). Una nuova generazione di scrittori sono nati liberi dei limiti che esistevano precedentemente. Anche se l’autore si centra spesso sul passato, rimane sempre inventivo.
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Today the map of eastern Europe is made up of smaller units, and the boundaries are more numerous. It still seems incredible that the European Union now includes the former Baltic Soviet republics as well as the former Yugoslav republic of Slovenia, alongside Slovakia, Romania and Bulgaria. To speak of eastern and western Europe seems a political anachronism. And yet this "eastern Europe" obstinately lingers in the consciousness. 

If we look at the literature it becomes apparent that this division has merely been shifted; that with the emergence of individual literatures out of the uniform greyness of the socialist landscape, the contours of old Mitteleuropa are showing through on the new map. It becomes clear, too, that the only literary centre remaining in the East is Russia.
One of the challenges of the postcommunist era has been the need to get to know not only the new political realities in the nations that emerged from the fog but also their historical and cultural situation. Travelling, intercultural exchange and building and developing relationships depended, however, on the existence of a sound basis of understanding, communication and translation. Writing a common European history, which after the fall of the Wall suddenly seemed achievable, could not be done without a common memory. How else could a common history come into being? 

Books and libraries have a special role to play here. The literature of the twentieth century has shown itself equal to the task of describing even the breakdown of civilization that was Auschwitz and Kolyma.
But until 1989 this literature was insufficiently known, and its reception forms part of the description of the literary process that has occurred since 1989. So too does the study of the texts that have inscribed themselves into the emerging grand narrative of the end of communism – an end accompanied by the rise of a national and post-national Europe.
In November 1990, almost a year to the day after the fall of the Wall, the renowned Kafka scholar Eduard Goldstücker travelled from London to Berlin. Speaking in debate at the Czech Centre, Goldstücker, a symbolic figure in the Prague Spring who would return to Prague from exile a short time later, made a thought-provoking statement. The most powerful novels depicting the present age, he suggested, would come from eastern central Europe, where people were confronted with their history in a more radical and inescapable way than in the West. 

Who could Goldstücker have been thinking of? What books come to mind today when we recall his prediction? And what was the role of literature in the rehabilitation of the "European consciousness paralysed down one side", to quote Jorge Semprún, speaking in Buchenwald in 1995? What part does literature play in the work of remembering?
However it would be incorrect to say that the literature of eastern Europe had been neglected.
In 1988, an unknown Yugoslav called Milorad Pavic had caused a sensation with a "dictionary novel" in male and female versions, the "Khazar dictionary" (Chasarisches Wörterbuch). Scarcely anyone showed an interest in the origins of the author or the political implications of his problematic historical mystifications. Ever since the appearance of The Unbearable Lightness of Being in 1984, Milan Kundera, who was living in exile in Paris, had been a best-selling author, and Hanser Verlag was able to commission Susanna Roth to make new translations of his earlier titles. Kundera's fellow-countryman Bohumil Hrabal, who lived in Prague and was published by Suhrkamp, was on the point of becoming a classic in his own lifetime. Thanks to the translator and long-serving intermediary Karl Dedecius, Polish literature was particularly well represented before 1989; scarcely a single important twentieth century author was overlooked. As with the Czechs, exiled Polish writers in France, the US and Canada played an important part in arousing interest and preparing the ground.
Since the mid-1970s, Hungarian writers had frequently spent time in West Berlin; in 1981 Nádas had been a guest of the DAAD artists programme in Berlin. In 1979, Suhrkamp brought out György Konrád's The End of a Family Story (German title Ende eines Familienromans, English trans. 1998), a book that made Konrád's name outside Hungary and established his reputation as one of Hungary's most important writers.
On the lookout for new discoveries, publishers in the West decided to follow up a hunch. This was that in the eastern European countries there had to be a number of as yet unknown books that did not fit into the accepted East-West frame of reference, texts whose authors were neither dissidents nor conformists, writers who were neither emigrants nor mouthpieces of the state. Texts that had never made it past the obstacle course set by the authorities could now be found directly, without diversions via copyright agencies and publishing functionaries.
In the early summer of 1993, the Czech novelist Jáchym Topol, then aged 31, was sitting in a country house in the Eifel and writing his first novel. This was the retreat offered by the Heinrich Böll Foundation to writers suffering political persecution. But if Topol, almost four years after the Velvet Revolution, felt he was being persecuted, it was chiefly by the immense everyday problems of living in transformation-era Prague and the need to earn money by churning out innumerable articles for newspapers and periodicals. Almost twenty years earlier, in 1974, Aleksandr Solzhenitsyn had been a guest there. Böll's summerhouse in Kreuzau-Langenbroich was the first staging post on the Soviet writer's journey into American exile. Famous black and white photos of Böll and Solzhenitsyn adorned the walls. Topol liked Böll, who in August 1968 was in Prague visiting his writer friend Bohumil Hrabal; together they had watched the tanks roll in. Now Topol, the literary descendant of Hrabal, literally had them in front of him, the "veterans of the past, of the time of fear and hatred". They were images of an era that came to an end in 1989.
Literature from the nations of eastern Europe was received as a documentary account. While some attention was paid to the style of the writing, the interest of the public was mainly documentary. There was a yearning for a new Nabokov or Márquez to ignite the imagination of western readers. People wanted to understand the conflicts and tragedies, the psychological and spiritual situation, the omnipresent pressure under which people in these closed societies had suffered and which was finally being eased. This was the burden of history – a history that could only now be told, after the nations had freed themselves from party dictatorships. Expectations of what literature could achieve were high.
"The use of man" (Der Gebrauch des Menschen; original title Upotreba coveka) by Aleksandar Tisma, which came out in 1976 in Belgrade and in 1985 in French translation reached German readers just as Yugoslavia was disintegrating. After Slovenia and Croatia declared their independence in June 1991, the Serbian president Slobodan Milosevic mobilized the Yugoslav People's Army. Many people read the book in their summer holidays, as the first images of people lying dead in flowering southern gardens flickered across television screens.
The novel tells the story of the Nazi invasion of Novi Sad, where hitherto Hungarians, Serbs, Croats, Germans and Jews had co-existed peacefully in the small town. The story centres on the fates of four young people who had all attended the German classes given by the Fräulein. One of them is killed fighting for the resistance, but the others survive, one physically mutilated, another incapable of finding a way back to everyday life after the war, the fourth finally destroyed by the trauma of having been an "Auschwitz whore". Whether perpetrators or victims, they are unable to avoid each other. With great precision, Tisma describes how violence takes control of the lives of people and destroys them: "An agonizing masterpiece", wrote one critic, "that burdens its German readers with feelings of guilt about our history that we would prefer to repress; never before has the shame of the victims been so precisely described as in this novel."
Imre Kertész too had to speak through a book that was twenty years old when, in the spring of 1996, he undertook a writer's tour with his Roman eines Schicksallosen (original title Sorstalanság, published in English translation as Fateless in 1992 and in a retranslation by Tim Wilkinson as Fatelessness in 2004).  Writing entirely from the perspective of a boy who, unlike the reader, does not know what awaits him, he tells of deportation to Auschwitz and of slow deterioration in the camp. The story ends with the liberation of Buchenwald (where he had been transferred), his return to Budapest and his scandalous nostalgia for the concentration camp. The critics saw the author as the equal of Primo Levi and Jorge Semprún. It is doubtful whether the all-pervasive presence of the Nazi concentration camp, and the way its logical laws were learned, has ever been so radically expounded. Without comment, in an attempt to get under the skin of a creature entirely deprived of freedom, whose life is totally determined by others, the author Kertész (not his narrator!) wrote about the world of the camps as the most extreme form of experience. For him, the fact that existence in totalitarian Stalinist society was a continuation of his internment prompted him to write this book – in contrast to Primo Levi, Tadeusz Borowski and Jean Améry, who all took their own lives.
Investigations like these continue right up to the present; in 2003 Wojciech Kuczok wrote his novel "Muck" (original title Gnój; German trans. Dreckskerl, 2007) about a violent father, a scholar destroyed by communism, who as a child had lived under the same roof as Germans. This is a paean of hate, inspired by Thomas Bernhard, against the torpor of the Polish Catholic family and indeed the People's Republic itself.
This Europe of ruins, which is in danger of disappearing in the process of the postcommunist transformation, is the subject and source of inspiration for the best-known Polish writer of the middle generation: Andrzej Stasiuk. When his lyrical prose work "The world behind Dukla" (Die Welt hinter Dukla) appeared in the autumn of 2000 as the centrepiece of Poland's contribution to the Frankfurt Book Fair, the one-horse town in southern Poland that figured in it was enthusiastically declared the new literary capital. To lend an aura to derelict villages, empty streets, foul-smelling chicken coops and rusty farm equipment by describing, page after page, the transcendent light that falls on them – Stasiuk's aesthetic project imperceptibly introduced a new paradigm shift.
The most urgent warning of the negative consequences of EU enlargement for the countries beyond Europe's new eastern border came from Andrzej Stasiuk. Connections have been cut as the borders shifted eastwards and southeastwards. The "Europe of the fringes" looks different today than it did in 1989. It is no accident, therefore, that two Polish publishing houses – Pogranicze in the northeast and Czarne in the southeast have become the outlet for the productive potential appearing at the margins.

(Suite in the next European Spectator)



Original in German
Translation by Gordon Wells
First published in Osteuropa 2-3/2009

Contributed by Osteuropa
© Katharina Raabe / Osteuropa
© Eurozine

20110203

L’accès à la culture pour chacun

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    Nos amis belges nous demandent de relayer le texte ci-dessous, qui constitue une partie d’un document plus vaste accessible sur l’adresse suivante : http://livre-blanc.lesrencontres.eu Ils publient en effet un Livre blanc des politiques culturelles des collectivités territoriales en Europe. Dans ce livre, les collectivités territoriales de la Grande Europe s’engagent à garantir l’accès à la culture à leurs habitants. Ils montrent qu’il est indispensable pour l’avenir de l’humanité de maintenir et de développer des politiques culturelles libres, diverses et accessibles à tous. Toutes les personnes et leurs communautés ont le droit d’exercer, d’exprimer et de vivre leurs propres cultures.
    Nos amis belges nous demandent de relayer le texte ci-dessous, qui constitue une partie d’un document plus vaste accessible sur l’adresse suivante : http://livre-blanc.lesrencontres.eu Ils publient en effet un Livre blanc des politiques culturelles des collectivités territoriales en Europe. Dans ce livre, les collectivités territoriales de la Grande Europe s’engagent à garantir l’accès à la culture à leurs habitants. Ils montrent qu’il est indispensable pour l’avenir de l’humanité de maintenir et de développer des politiques culturelles libres, diverses et accessibles à tous. Toutes les personnes et leurs communautés ont le droit d’exercer, d’exprimer et de vivre leurs propres cultures.
    
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Unsere Nachbaren haben uns eine Dokument gegeben. Er funktionniert als ein Aufruf zu verstehen, sich dem nicht völlig widerspruchslos auszusetzen. Es handelt sich über « politiques culturelles ». Diese Auszeichnung bekommen viele Regierungen, die nichts verpflichten. Diese Dokument verlangt das Unabhängige Kontrolleure schauen regelmässig vorbei, ob die Regierungen sich an ihre Versprechen halten. Das allein aber kann nicht erklären, warum Europa keine « politique culturelle » hat.
Belcikali arkadaslarimiz http://livre-blanc.lesrencontres.eu'den alinti olan bu belgenin bir kismini yayimlamamizi istiyorlar.  Beyaz Kitap adli kitap Avrupa'da bolgesel kolektivitelerin uyguladigi kuturel siyastleri ele aliyor. Bu kitapta Buyuk Avrupa'nin bolgesel kolektiviteleri toplumun kulture erisimini sagliyor. Kulturel siyasetin cesitlilik, cogulcu ve ozgurlukcu bir bicimde herkese acik olmasi gerektigini savunuyor. Butun herkes ve tum toplumlar kuturlerini yasamaya ve ifade etmeleri gerekiyor.
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Our Belgian friends request that we forward the text below, part of a broader document accessible at the following address: http://livre-blanc.lesrencontres.eu. This white paper documents the different cultural policies/politics at play in Europe’s territorial collectivities.  In it, the collectivities comprising the Greater Europe promise to guarantee their inhabitants to culture.  They show that it is crucial for the benefit and future of humanity to maintain and develop free cultural policies/politics, diverse and accessible to all.  All people and their communities have the right to express, carry-out and develop their own cultures.
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I nostri amici Belgi ci chiedono di far vedere questo testo, che costituisce una parte di un documento accessibile nella sua integralità su questo sito: http://livre-blanc.lesrencontres.eu <http://livre-blanc.lesrencontres.eu/> . Pubblicano un libbro bianco delle politiche culturali delle regioni con una misura dell’autonomia Europee. In questo libbro queste regioni della Grande Europa si impegnano a garantire l’accesso alla cultura ai loro abitanti. Mostrano che e indispensabile per il futuro dell’umanità di mantenere e sviluppare delle politiche culturali piutosto libere, e fare in sorte che queste siano accessibili a tutti. Tutte le persone e le loro comunità hanno il diritto di esercitare, esprimere e vivere le loro proprie culture.
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Les collectivités territoriales de la Grande Europe s’engagent à garantir l’accès à la culture à leurs habitants.
Il est indispensable pour l’avenir de l’humanité de maintenir et de développer des politiques culturelles libres, diverses et accessibles à tous. Toutes les personnes et leurs communautés ont le droit d’exercer, d’exprimer et de vivre leurs propres cultures. Il est nécessaire de généraliser l’accès à la culture. Cela ne concerne pas seulement l’ouverture de la majorité des activités culturelles à la plupart des gens. Cela concerne aussi la participation active, de nouvelles formes de travail, lesquelles créant un soutien, une relation réciproquement bénéfique et un échange d’expériences. Une collectivité ouverte à tous se doit de fournir plus que des espaces physiques que tout le monde puisse atteindre. Elle se doit de créer également des milieux accessibles et des communications publiques, de l’information (imprimée et sur le web) et de l’assistance. En outre, les collectivités territoriales membres des rencontres s’engagent à assurer l’accessibilité, la pleine participation et l’égalité pour les personnes handicapées.
Cette démarche ne peut avoir de valeur que si elle permet d’amener l’art sur d’autres lieux et d’autres territoires. Le but est bien d’amener l’art au plus près du citoyen, dans l’espace public autant que dans la sphère intime, dans les équipements culturels autant que dans les lieux de vie. La culture doit être conçue comme transversale à toutes les dimensions de la ville et de la campagne, et non comme un luxe à admirer dans des lieux emblématiques, ou comme une marchandise à consommer... Elle concerne donc par le biais de projets artistiques tous les réseaux éducatifs, sociaux ou associatifs des collectivités .
Par ailleurs, il doit exister une planification intégrale des infrastructures culturelles qui réponde aux besoins de création et de diffusion des œuvres, grâce à laquelle les collectivités peuvent offrir un accès à la culture, de proximité et de qualité .
Il existe un lien étroit entre d’une part l’amélioration de la participation des citoyens aux activités et leur perception de la culture, et d’autre part l’enrichissement de leurs compétences culturelles et sociales et de leur capacité de décision,. La promotion de la participation va au-delà des efforts pour atteindre davantage de personnes. Cela signifie aussi rapprocher et toucher de nouveaux groupes de personnes qui ont peu ou pas de contact avec les arts et la culture .
Mais au-delà d’augmenter l’attrait de la culture pour les habitants des collectivités territoriales et leur participation active, il est également indispensable de s’engager à atteindre l’excellente. La volonté suprême de chaque artiste est de produire de l’Art avec un « A » majuscule, indépendamment de la discipline dans laquelle l’artiste souhaite s’exprimer .
Les collectivités veilleront aussi à la reconnaissance des artistes et soutiendront leurs initiatives dans la mesure de leurs compétences et possibilités financières.
Les collectivités locales doivent encourager la création et le développement de lieux de rencontre, tant à l’extérieur (dans l’espace public) qu’à l’intérieur, afin de stimuler et de favoriser les activités créatives. Les activités culturelles, comme le théâtre, la musique, la danse et d’autres performances dans des environnements locaux ont besoin de soutien local. Ce soutien peut se comprendre comme une coopération avec les librairies publiques, les centres de jeunesse, les écoles, etc.
Aucune personne ne doute que la culture a une valeur intrinsèque positive. Nous sommes tous attirés par la culture. L’Art fait appel à notre imagination, la créativité nous inspire, le patrimoine nous montre d’où nous venons et l’éducation ouvre notre vision vers le futur. La culture doit donc être considérée dans toute sa signification et importance dans la vie de la personne . Pour toutes ces raisons, notre premier article s’articule étroitement avec le suivant, portant sur la culture et l’éducation.