20110409

Editorial


            L’imaginaire des luttes et conflits en Europe, son histoire, son présent ? Voilà qui constitue un thème culturel essentiel, à l’échelle du Spectateur européen. Il ne s’agirait pas uniquement de traiter des anciennes formes de résistance, de heurt, d’émancipation ou de révolution, pratiquées durant des siècles dans chaque pays. Tout cela est déjà consigné. Il s’agirait plutôt d’élaborer une pensée contemporaine et européenne de la culture des oppositions internes à chaque système politique et du soutien apporté (ou à apporter) à ceux qui entreprennent de bouleverser les données politiques qui les concernent, tant à l’intérieur qu’en dehors du système de référence. Chaque culture secrète-t-elle une contestation qui lui ressemble ou des échanges fructueux sont-ils possibles d’une culture à une autre ?
Des tyrans tombent autour et alentours des pays européens, le visage politique du pourtour de la Méditerranée a subi de nombreux changements glorieux en un Printemps, des questions nouvelles se posent en matière de rapports et de solidarité entre les peuples, au-delà des relations entre dirigeants, et de rapport à la critique et à la contestation.
Suffit-il de placer ces phénomènes sous le titre de l’indignation ? Sûrement pas ! Il y a fallu des armes et du sang, de l’incertitude, du doute et du chaos. Suffit-il de parler d’extension de la démocratie ? Sûrement pas non plus ! On ne peut assimiler seulement la démocratie à l’assurance de la victoire d’un Printemps et à des formes institutionnelles.
            Cela dit, quoi qu’il arrive désormais, plusieurs questions nous sont posées, dont nous retiendrons au moins les suivantes :
-         S’il n’y a pas de sens de l’histoire, il n’y a cependant pas d’histoire sans conflits, sans luttes diverses pour construire un écart avec l’état présent des choses.
-         Si la démocratie est aussi un régime politique, il n’est pas certain que les anciennes démocraties que nous représentons soient irréprochables.
-         Si la démocratie n’est pas un régime politique, mais le sens même des luttes d’émancipation qui mettent le commun en question, alors les peuples qui nous entourent nous donnent des leçons politiques.
-         Si l’Europe est une idée ouverte sur un avenir, il nous faut reprendre le fil des solidarités internes à l’encontre des exactions, fussent-elles d’Etat, et des amitiés avec les peuples pour mieux renforcer, chez nous, le sens de l’altérité et, chez eux, les engagements en cours.
-         Si les technologies ont une part dans la coordination des mouvements de lutte et dans l’organisation rapide des choses, il faut penser aussi que, désormais, tout se vit, à l’échelle du monde, quasi en direct et que partout les consciences se modifient.
A ce repérage rapide, l’Inde apporte son lot de réflexion (sur le jeûne à mort, l’usage du corps en politique, …), même si Anna Hazare, qui se vit en nouveau Gandhi, n’est pas sans nous laisser devant quelques suspicions (notamment pour ses relations avec l’extrémisme anti-démocratique, …). Elle nous montre que, la démocratie (gouvernementale) instaurée, les citoyens n’en ont pas fini avec elle. Des distorsions institutionnelles se font rapidement jour qui séparent les citoyens et les corps organisés, révèlent des dissensus qui ont à prendre des formes efficaces, et exigent de concevoir des formes culturelles nouvelles de la lutte contre un partage du commun insupportable.
Contrairement aux craintes suscitées chez beaucoup, heureusement, pour les européens, tout cela porte l’exigence d’une compréhension radicale de nos régimes politiques, de notre manière de concevoir l’altérité, et la nécessité de repenser sans cesse les rapports entre l’Europe et les autres.
Voilà qui oblige à nouveau à en venir à la difficulté devant laquelle nous semblons nous trouver lorsque nous voulons donner de l’Europe une définition univoque, lui conférer une identité, englobant celle-ci dans un sens unique et acceptable par tous. Or, c’est bien la question même qui est erronée. Dès lors que l’Europe n’a pas de frontières physiques nettement déterminées et identifiables en géographie ; dès lors qu’elle n’a pas de cohérence politique et demeure divisée ; dès lors qu’elle ne repose sur aucune uniformité linguistique ou religieuse, alors le point de départ de toute réflexion contemporaine sur l’Europe doit être le constat de cette indétermination, et la nécessité de fonder l’Europe sur la pluralité, la multiplication des alliances avec ceux qui luttent pour faire sourdre du confort européen l’idée de refuser de s’enfermer dans un entre-soi qui a perdu le souffle de la liberté. Toute proposition qui scelle l’Europe dans un eurocentrisme identitaire a déjà perdu le sens d’un tel projet européen.
Sous nos yeux, se construisent des impératifs nouveaux qui vont sans doute nous éloigner (définitivement ?) des colonisations et des stratégies sanguinaires – ce qui ne signifie pas que les problèmes d’endettement, d’économie et de croissance soient résolus -, il importe par conséquent que les européens s’interrogent à nouveau sur le sens de l’universel, dont on rappellera seulement qu’il a pour contenu non pas l’extension de l’un sur les autres, mais le rapport solidaire des uns et des autres dans le souci de la vérité et de la justice.


20110408

Der zweiten Generation


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            Voix de la deuxième génération ? Il n’est pas certain que le vocabulaire convienne. Il n’empêche que toute l’Europe doit désormais se réfléchir dans la multiplicité. Or, non seulement elle ne le fait pas, mais, en Europe, beaucoup refusent massivement de penser en termes d’échanges culturels et de dissentiment sur l’unité. Et pourtant, tous veulent vivre en Europe !

            Wenn immer mehr Ausländer nun in den Europa ziehen, dann treibt sie also wohl nicht nur die Neugier. Das Arbeit in Europa ist finanziell höchst attraktiv. Wir sollen mit gutem Beispiel vorangehen, wenn es um Fragen der Migration geht. Das hat auch etwas mit Arbeitrecht und mit ausländische Migration zut un. Um einem neuerlichen Fiasko auszuweichen, wurde l’accueil changé, so breit es möglich war. Wenn die Kohärenz der Europa zunehmen soll, dann müssen wir Schritt für Schritt diese Dinge ins Visier nehmen.

Ikinci jenerasyonun sesi ? Bu cumlenin dogrulugu tartisilir. Ancak bir gercek var ki Avrupa artik cogulcu yapisi uzerine kafa yormasi gerekiyor. Ne yazik ki bunu yapmiyor. Oyle ki, Avrupalilar ne kulturel alisverisi dusunuyor ne de birlik konularini dusunuyor. Buna ragmen hepsi Avrupa'da yasiyor!
 


Voice of the second generation?  The semantic choice seems inappropriate. But this does not obstruct from the fact that all Europe must now reason through the spectrum of multiplicity.  However, not only do Europeans fail to do so, many go so far as to resist the idea of cultural exchange and acceptance.  Yet still, all want to live in Europe
Una voce della seconda generazione ? Non è certo che questo vocabolare conviene. Ma questo non impedisce l’Europa intera di riflettere sulla sua multiplicità. Pero non lo sta facendo e in Europa molti rifiutono di pensare in termini di scambio culturale e di dissenso su un gruppo. Eppure, tutti vogliono vivere in Europa !
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Modell zur Überwindung der Konflikte zwischen den verschiedenen Kulturen, und über die Menschen die zwischen zwei Welten aufgewachsen sind.
Heute, ist es sehr wichtig dass die sogenannte zweite Generation bekommt eine Stimme. Denn was passiert mit Menschen, die sich assimilieren. Was mit ihren Kindern, die so aufwachsen und deren Kultur leer ist ?
            Das sind die Fragen, die wir stellen müssen in Europa. Sie stammen aus Marocco, Georgien, Serbia, u.s.w., und sie wollen in Europa leben. Ein bunter Europa, in dem an jeder Ecke eine andere Sprache gesprochen wird ! Ist das Nebeneinander aber hier Alltag ? Viele Europäicher finden das zu viele Sprachen waren einfach um sie herum. Wir denken dass Europa ist noch nicht öffnet genug. Wenn sie auf die Strasse gehen, sehen sie politische Plakate, darauf manche Leute lassen ihren Ausländerfeindlichkeit freien Lauf.
            Ausserdem, in die alte Heimat können die Einwanderer nicht zurück, in der neuen sind sie nicht willkommen. Den alten Land kennen sie nur aus dem Urlaub. In die neue sind sie Ausländer ! In die alte Heimat können sie nicht zurück, in der neuen sind sie nicht willkommen. Zu Hause wird eine Sprache gesprochen, auf der Strasse eine andere, in der Schule eine dritte.
            Und wir sprechen von Integration gegen den Zusammenprall der Kulturen. Samuel Huntingtons These vom "Zusammenprall der Kulturen" hat weltweit viel Widerspruch ausgelöst. Dennoch kann man sagen: Seine These hatte auch ihr Gutes. Der Widerspruch gegen Huntington nämlich hatte eine Reihe von neuen Denkansätzen zur Folge, die auf das friedliche Zusammenleben der Kulturen abzielen und Strategien zur Konfliktvermeidung empfehlen.
            Sein Gegenmodell lautet: Horizonterweiterung, über den Tellerrand hinaussehen, Denkblockaden auflösen. Und wenn man schließlich die europäische Moderne als eine Geschichte vieler Fehlschläge begreife, dann gelange man auch zu realistischen Selbst- und Fremdbildern. Damit, so schließt der aufmerksame Leser, ständen wir allerdings gerade erst am Anfang eines echten Dialogs der Kulturen.

20110407

Steigende Armut

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            La situation générale est telle qu’on se demande bien si la croissance est, comme on l’a cru longtemps, le moyen privilégié d’une lutte contre la pauvreté. Une étude conduite auprès des étudiants de l’université de Cologne montre que les uns et les autres ne croient plus à l’équation dominante : développement technologique = développement humain.

The current situation is such that it is hard not to wonder whether growth, as has been believed for a long time, is indeed the best way to fight poverty.  A study recently conducted among students at Cologne University shows that they no longer believe in the previously accepted equation: technological development = human development.

Ekonomik buyume yillarca fakirlige karsi savasmanin en iyi yontemi olarak gosterildi. Ancak Koln Universitesi ogrencilerinin yaptigi bir arastirmaya gore teknolojik gelisimin insanin gelisiminden farkli yol aldigi gosteriliyor.Teknolojinin ilerlemesi, insanin ilerlemesi mi demek ?

            La situazione generale e tale che ci poniamo la domanda se la crescita è, come lo pensiamo da molto tempo, il mezzo privilegiato di una lotta contro la povertà. Uno studio fatto presso degli studenti del’università di Colonia mostra che gli uni e gli altri non credono più all'equazione dominante:  sviluppo tecnologico = sviluppo umano.

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Die globale Finanzkrise und der Klimawandel haben den Sinn herkömmlicher Wirtschaftsmodelle mehr denn je in Frage gestellt. Ist Wachstum das einzige Rezept, um die Armut weltweit zu bekämpfen?
Seit Jahren hat sich der Begriff "Bevölkerungsexplosion" eingebürgert. In Wirklichkeit seien ein moderater Bevölkerungszuwachs und eine Wirtschaftsexplosion zu verzeichnen, sagt Joachim Spangenberg, Vizedirektor des Sustainable Europe Research Institute: "Wir fordern eine Wirtschaftsexplosion, denn wir fordern exponentielles Wachstum." Denn wenn die Wirtschaftsleistung jedes Jahr um einen bestimmten Prozentsatz wächst, muss der Betrag des mehr Erwirtschafteten immer größer werden, da der Ausgangswert stetig steigt. Aus Klima- und Umweltschutzgründen sei deshalb nicht mehr Wachstum nötig, sondern mehr Verstand, "mit dem wir Lösungen finden müssen, mit denen wir unsere Lebensqualität erhalten mit wesentlich weniger Verbrauch an Ressourcen und Energien."
Mehr Effizienz statt Wachstum?
Studenten der Kölner Uni lauschen der Podiumdiskussion über "Wachstum und Armut" Mit anderen Worten: Technische Innovationen für mehr Effizienz sind gefragt. Nils aus dem Moore vom Rheinisch-Westfälischen Institut für Wirtschaftsforschung (RWI) verweist auf eine Studie seines Instituts zum sogenannten Rebound-Effekt: "Wenn ich zum Beispiel effizientere Autos mit effizienteren Motoren fahre, sinken meine Kosten pro gefahrenen Kilometer. Doch wie viel Kilometer fahre ich dann zusätzlich?" Das heißt, wie viel von den technologisch möglichen Einsparungen würde wieder aufgefressen?
            Das Ergebnis der Studie: 57 bis 67 Prozent der Effizienzsteigerung werden wieder durch mehr Verbrauch aufgezehrt: "Das zeigt, dass Technologie allein uns nicht das glückliche Nirwana eines grünen Wachstums bescheren wird, sondern da muss auch Verhaltensänderung dazukommen", stellt Nils aus dem Moore fest.





20110406

Diplomatie participative

Henri Rouillé-d'Orfeuil
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Les diplomaties modernes ont pris acte de ces évolutions convergentes et ont appris à agir dans un champ de forces peuplé d’acteurs nombreux et divers. Elles essaient de les mobiliser et passer des alliances autour de positions et de propositions respectueuses des intérêts nationaux. Cet effort, compliqué pour les gouvernements, est aussi entrepris en fonction d’une négociation soumise au tribunal de l’opinion publique. Simultanément, la diplomatie non gouvernementale (DNG) est la diplomatie des acteurs non gouvernementaux, celles des ONG, des syndicats et, d’une certaine manière, celle des collectivités territoriales. Pour chacune de ces familles, elle est, selon le Larousse « la science pratique des relations internationales ». Pour l’essentiel, le champ de cette science pratique concerne l’intervention des acteurs non gouvernementaux dans les processus diplomatiques et leur interaction avec les diplomates, qui représentent leurs gouvernements.


Modern diplomacies have accepted convergent idea streams and have learned to act in an environment populated by different forces and actors.  They attempt to mobilize these and constitute alliances around positions and perspectives that respect national interests.  This effort, complicated by the actions of governments, is also subject to the judgment of public opinion.  Simultaneously, non-governmental diplomacy (NGD) regroups the diplomatic efforts of NGOs, unions and local collectivities, summarized by the French Larousse dictionary as “the practical science of international relations”.  Mainly, this practical science involves non-governmental actors’ intervention in the diplomatic process and their interactions with the diplomats representing their countries.


Was gibt es aber mit Nichtregierunsorganisationen ? Wir sind alarmiert über das Ausmass und die Geschwindigkeit der neokoloniale Landaneignung. An die Stelle der Europäer treten nun Asiaten. Im Hintergrund sind allerdings westliche Finanzinvestoren aktiv. Bedenken und Widerstände gegen diese moderne Form (des Landraubs) nehmen zwar rund der Globus zu, können die Entwicklung aber nicht stoppen. Die Dimension erfasst man erst nicht von andere spektakulären Projekten. Wenn man durch Presse anschaut, redet man nicht von Nichtregierunsorganisationen. Raus mit der Sprache


Modern diplomatlar gunumuzun karmasik evrimlerini iyi kavramakla beraber farkli kulturlerdeki haklarla irtibata gecmeyi ve cesitli aktorlerle bag kurmakta onemli ilerlemeler kaydetti. Bu diplomatlar, milli cikarlari cercevesinde farkli kulturdeki yeni aktorlerle antlasmalar saglamakta da onemli ilerlemeler kaydetti. Ayni zamanda, hukukemetler disi diplomasisi, ornegin STK'larin uyguladigi politikalar,  hatta yerel idarelerin uyguladigi politikalar da bu yeni diplomasi seklinde onemli rol oynuyor. Tum bu akorler icin ve Larousse'un tanimlamasina gore hukumetletler disi diplomasi ''uluslararasi iliskilerin pratik bilimi'' olarak tanimlaniyor.  STK'larin diplomasi dunyasina mudahalesi bu pratik bilimin onemli bir penceresini olusturuyor.

Le diplomazie moderne hanno preso atto di queste evoluzioni convergenti e hanno imparato ad agire in un campo di forze pieno di numerosi e diversi attori. Provano a mobilitarli e passare delle alleanze intorno a posizioni e di proposte rispettose degli interessi nazionali. Questo sforzo, complicato per i vari governi, è intrapreso anche in funzione di un negoziato sottomesso al tribunale dell'opinione pubblica. Simultaneamente, la diplomazia non governativa (DNG) è la diplomazia degli attori non governativi, come delle ONG, dei sindacati e, di un certo modo, quella delle collettività territoriali. Per ciascuna di queste famiglie, è, secondo il Larousse “la scienza pratica delle relazioni internazionali.” Per l'essenziale, il campo di questa scienza pratica riguarda l'intervento degli attori non governativi nei processi diplomatici e la loro interazione coi diplomatici che rappresentano i loro governi.



Dans les temps anciens, les monarques se faisaient la guerre ou imaginaient pour leurs enfants des mariages susceptibles de rapprocher, voire de réunir, leurs pays ou leurs régions. Pour ne prendre qu’un exemple, Anne de Bretagne (1476-1514), duchesse de Bretagne par sa naissance, devint successivement archiduchesse d’Autriche et reine des Romains (en épousant Maximilien, empereur romain germanique), reine de France (en épousant Charles VIII), reine de Sicile et de Jérusalem, enfin et de nouveau, reine de France et duchesse de Milan (en épousant Louis XII). En étant maitre des annulations de mariage, le Vatican disposait d’un pouvoir de véto puisque le divorce était interdit. Les contrats de mariage indiquaient le sort qui devait être réservé à la Bretagne et à la France en cas de décès de l’un des époux. Cette « diplomatie matrimoniale » s’intriquait avec des mouvements de troupes, des guerres et des armistices. Elle appartenait à la sphère privée ; le devenir des territoires et des populations les habitant était lié aux relations qui pouvaient se tissaient entre des personnes privées.

Les traités de Westphalie (1648) vont transformer le paysage diplomatique en introduisant la notion de souveraineté territoriale et nationale, c’est-à-dire une nouvelle conception du territoire, de la Nation et de l’Etat. Les relations internationales cessent dès lors d’être des affaires privées, elles acquièrent un caractère interétatique. Le concert des Nations apparait au cœur du XVIIème siècle et au cœur de l’Europe avec un corolaire la recherche d’un équilibre des forces, qui n’est possible que si aucun Etat n’est plus fort que la somme de tous les autres. Des règles de comportement doivent être négociées, un droit international s’esquisse. Mais il faut attendre, le traité de Versailles (1919) et le président Wilson pour que l’équilibre des Nations, remodelé par l’issue de la Première guerre mondiale, évolue en recherche de la « sécurité collective » et que l’on envisage de créer une organisation interétatique, la Société des Nations.

A l’issue de la deuxième guerre mondiale, la création de l’Organisation des Nations unies et des organisations internationales, qui lui sont liées, entérine à la fois la nouvelle hiérarchie mondiale et un nouvel ordre international fondé, au moins en principe, sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Elle introduit ainsi une faille dans le modèle westphalien en juxtaposant deux principes, souvent contradictoires, de relations internationales : la souveraineté nationale et le respect des droits universels. Mais, c’est la non ingérence qui l’emporte presque toujours, même si le débat autour du droit ou du devoir d’ingérence, du droit d’assistance ou du droit à protéger déplace l’équilibre et introduit un biais lourd de conséquences. Le bastion étatique est attaqué par bien d’autres forces et d’autres évolutions : la privatisation, qui ampute le secteur public, la décentralisation, qui émiette les compétences et les pouvoirs centraux, la régionalisation, qui elle aussi repose sur des transferts de compétences de l’Etat national vers un pouvoir supranational, enfin la mondialisation, qui prive les Etats de leur autorité sur une grande partie de l’économie et de la finance.

Ces révolutions westphalienne et wilsonnienne, puis la mondialisation ont évidemment des conséquences sur les fonctions régaliennes et particulièrement sur la diplomatie qui a en charge les « affaires étrangères », c’est-à-dire à la fois la négociation    des règles du ou des jeux internationaux et la défense des intérêts nationaux. Avec la révolution westphalienne apparait une diplomatie d’Etat mis en œuvre par un corps de fonctionnaire, le corps diplomatique, qui bénéficie d’une immunité et de droits spéciaux et qui agit dans le cadre d’un ministère et des ambassades, qui lui sont liées. La négociation est l’acte diplomatique majeur. Pour aboutir au compromis le plus favorable aux intérêts nationaux qu’ils ont pour mission de défendre, les diplomates négocient, comme ils joueraient à un jeu de carte, c’est-à-dire en cachant leurs jeux et en préservant un domaine réservé. Cette diplomatie traditionnelle est aujourd’hui en crise. Eu égards aux évolutions qui se sont produites et qui toutes tendent à ouvrir le domaine réservé, la diplomatie se déroule aujourd’hui pour l’essentiel dans un champ de forces ouvert où interagissent de nombreux acteurs. En effet, plusieurs processus ont contribué à transformer le cadre et la méthode de négociation : tout d’abord, les décolonisations ont multiplié les parties prenantes gouvernementales, l’ONU regroupe aujourd’hui près de deux cent pays ; dans les démocraties, le Parlement doit débattre des politiques publiques et voter les lois, et d’abord la Loi de finance, il ne peut le faire dans le secret, d’autant qu’avec la mondialisation les affaires étrangères ont tendance à s’immiscer dans l’ensemble des affaires nationales ; par ailleurs, les communications, qu’il s’agisse de la radio, de la télévision ou d’internet, sont aujourd’hui omniprésentes, là encore, il est difficile de garder le secret d’autant que l’information et la désinformation sont devenues des armes diplomatiques ; enfin, l’usage du droit d’association, un droit fondateur de la démocratie, aboutit à une multiplication d’organisations citoyennes et non gouvernementales qui interagissent avec les autorités gouvernementales et, ce faisant, fondent une diplomatie participative, qui est à la diplomatie, ce que la démocratie participative est à la démocratie.

Les diplomaties modernes ont pris acte de ces évolutions convergentes et ont appris à agir dans ce champ de forces peuplé d’acteurs nombreux et divers. Elles essaient de les mobiliser et passer des alliances autour de positions et de propositions respectueuses des intérêts nationaux et négociables avec une partie de ces acteurs non gouvernementaux. Cet effort, compliqué pour les gouvernements, n’est entrepris que parce que la négociation est soumise au tribunal de l’opinion publique. Cette opinion que l’on retrouvera lors des élections futures.


Comment définir la ou les diplomaties non gouvernementales ?   


La diplomatie non gouvernementale (DNG) est la diplomatie des acteurs non gouvernementaux, celles des ONG, des syndicats et, d’une certaine manière, celle des collectivités territoriales. Pour chacune de ces familles, elle est, selon le Larousse « la science pratique des relations internationales ». Pour l’essentiel, le champ de cette science pratique ( ?) concerne l’intervention des acteurs non gouvernementaux dans les processus diplomatiques et leur interaction avec les diplomates, qui représentent leurs gouvernements. Ces acteurs interviennent d’abord en introduisant dans les processus des positions et des propositions, puis en œuvrant pour que celles-ci soient prises en compte et influencent l’issue des négociations. Mais, pour ce faire, efficacement et de manière représentative, les acteurs non gouvernementaux doivent s’organiser dans chacune de leurs familles et aux différentes échelles géographiques pour construire des positions et des propositions collectives et pour être en mesure de les défendre. Il y a donc deux temps dans la DNG, une étape préalable purement non gouvernementale et une étape d’interaction avec les acteurs gouvernementaux. C’est l’ensemble    de ces deux étapes qui intéresse le Programme de recherche et d’échange sur la DNG que nous engageons.


Une bataille de légitimité entre acteurs gouvernementaux et acteurs non gouvernementaux

Les diplomates, comme tous les hauts fonctionnaires, reçoivent par délégation leur légitimité du suffrage universel. Ils servent la politique du gouvernement, c’est-à-dire en démocratie, celle des élus du peuple. Ils ont pour mission de défendre les intérêts nationaux, souvent abusivement assimilés à l’intérêt général. De leur côté, les acteurs non-gouvernementaux reçoivent leurs mandats des assemblées générales de leurs associations ou de leurs syndicats. Lorsque ceux-ci construisent des fédérations nationales ou internationales leur légitimité change d’échelle. Mais, là encore, il est abusif d’assimiler les intérêts défendus par ces acteurs à l’intérêt général. En fait, chaque partie peut mettre en cause son interlocuteur et lui reprocher une double défaillance de représentativité et de légitimité.

Il n’est pas anodin de mieux cerner cette défaillance de légitimité et de représentativité qui prend des formes particulières :

-         du côté des gouvernements, il y a deux niveaux de défaillance.

D’une part, même s’il n’est pas de bon usage diplomatique de mettre en cause la capacité ou la volonté d’un gouvernement de déterminer l’intérêt national, on ne peut s’empêcher de percevoir que derrière l’idée de Nation se cache une grande diversité d’intérêts et des intérêts souvent contradictoires. Sans assimiler tous les pays à des unions artificielles (URSS, Yougoslavie) ou des ensembles plurinationaux inconfortables (Belgique, Liban, RDC), on peut considérer que tous les pays abritent des catégories aux intérêts divergents dans pratiquement tous les domaines. Les gouvernements démocratiques, soumis à la sanction électorale, auront tendance à définir l’intérêt national de manière à ne pas perdre les élections. Ce qui est loin d’être une méthode qui peut permettre d’approcher ce qui pourrait être un intérêt national à long terme et encore plus d’aboutir à la défense d’un réel intérêt général. D’autant que dans la construction du compromis, qui est présenté comme l’intérêt national par les représentants gouvernementaux, la représentation des différentes catégories de citoyens est très inégale. Dans certains pays, les oubliés de la représentation sont très majoritaires : les femmes, les jeunes, les pauvres, les paysans… ne participent guère au marchandage qui permet de définir les positions gouvernementales.   

D’autre part, dans le champ de la négociation internationale, il n’y a pas de « main invisible diplomatique », qui ferait que la somme des intérêts nationaux ou leur combinaison aboutisse à l’intérêt général universel. Le jeu diplomatique tel qu’il se joue entre les gouvernements n’a aucune raison d’aboutir à une saine et juste gestion de la planète dans le respect de l’intérêt de tous.

-         du côté des acteurs non gouvernementaux, le jeu n’est pas plus limpide.

Pour mesurer l’adéquation entre l’action de chaque acteur non gouvernemental et l’intérêt général, il convient de dire ce que peut bien être l’intérêt général. Ce débat est vieux comme l’humanité. La Déclaration universelle des droits de l’Homme et les deux protocoles additionnels définissant, d’un côté, les droits civiques et, de l’autre, les droits économiques, sociaux et culturels, auquel il faudrait ajouter un protocole sur les droits environnementaux, constituent la référence suprême validée par l’ensemble des pays ayant adhérés à l’Organisation des Nations unies. On entend souvent des remises en causes dans les discours ou lors des processus diplomatiques, notamment sur le refus de certains pays de reconnaitre l’égalité entre l’homme et la femme, ou sur la liberté pour chacun de choisir sa religion, mais rien qui puisse aboutir jusqu’à présent à une dénonciation de la Déclaration universelle, qui serait synonyme d’un éclatement de a notion de communauté internationale et Nations unies.

La mission des syndicats est de défendre les intérêts de catégories professionnelles bien définies. Il s’agit donc de défendre des intérêts particuliers qui ne peuvent être assimilés à l’intérêt général. Il est vrai que si ces mandants sont sous-représentés dans la concertation nationale et leurs intérêts mal pris en compte, les syndicats correspondants contribuent alors à rééquilibrer un jeu en renforçant les oubliés de la représentation nationale.

Les associations quant à elles regroupent des citoyens qui souhaitent ensemble s’engager pour défendre une cause. Cette cause peut n’être qu’un intérêt particulier et, de ce point de vue, l’association ressemblera alors à un syndicat. Dans d’autres cas, les citoyens regroupés dans une association défendent une « mission d’intérêt général » et alors, du point de vue de sa finalité, cette association peut alors être assimilée à un service public.    Les ONG, qui se reconnaissent dans une commune volonté de « construire un monde de solidarité », produisent de l’intérêt général en accomplissant des tâches dites de service public (éducation, santé, accès à l’eau potable,…) et en appuyant des publics en difficulté.

L’ouverture des processus diplomatiques à des acteurs privés risque de marginaliser davantage les acteurs faibles et pauvres qui n’ont pas les moyens de s’organiser, de maitriser la langue anglaise, de voyager dans toutes les capitales ou de participer à des débats souvent très techniques. L’appui des syndicats ou des associations à ces acteurs faibles est essentiel.
Néanmoins, quelles que soient les intentions déclarées par les acteurs non gouvernementaux, il convient d’apprécier l’adéquation qui existe entre leurs actions concrètes et la poursuite de l’intérêt général. Si celle-ci n’est pas claire, ils ne devront être considérés que comme de simples lobbies.


La bataille    de l’opinion publique, aujourd’hui une guerre mondiale


Il n’est guère de domaine qui échappe à la mondialisation. Elle s’immisce au cœur des économies et des sociétés nationales et locales. Les négociations internationales impactent tous les citoyens du monde et tous leurs actes économiques. La mondialisation a aussi fait apparaitre une série de « questions globales » qui concernent tous les citoyens et pas seulement, comme on voudrait parfois le faire croire, les seuls acteurs globalisés : grandes puissances, organisations internationales, entreprises multinationales, ONG internationales, villes globales… Il n’y a donc pas lieu de considérer que seuls les acteurs globaux doivent participer aux négociations qui concernent ces questions globales. Tous les citoyens doivent y participer via leur gouvernement et au travers d’organisations représentatives. Il existe des organisations intergouvernementales, à commencer par l’ONU, il existe des internationales syndicales, mais il n’existe pas de processus de représentation des organisations citoyennes. Il y a là une réflexion et un chantier majeur à envisager.

En démocratie, la conquête de l’opinion publique est la clé de la victoire électorale qui détermine la composition du parlement et du gouvernement. La bataille de l’opinion publique est donc centrale pour les partis politiques, comme elle l’est pour les différents acteurs    non gouvernementaux qui souhaitent influencer les politiques publiques et, notamment les positions prises par les diplomates dans les processus diplomatiques. « L’opinion publique est une super puissance » disait Jody Williams en recevant le Prix Nobel de la Paix 1997 au nom de la Campagne international pour l’interdiction des mines terrestres. En écho, un diplomate français ajoutait en 2006 lors d’un séminaire organisé par Coordination SUD « une négociation se gagne dans l’opinion publique avant de se conclure en milieu diplomatique». La relation aux médias et aux médiateurs est donc la clé qui ouvre aux acteurs non gouvernementaux la porte des enceintes diplomatiques.

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Un portail pour médicaments

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            Un portail pour les médicaments ? Diagnosia.com, un site autrichien, propose la diffusion en 22 langues de la traduction des notices de médicaments. Non seulement cela permet de connaître le nom de son médicament dans une autre langue, mais cela favorise aussi les soins lorsqu’on se trouve dans une autre zone linguistique.

A portal for medication? Diagnosia.com, an Austrian website, offers the translation in 22 languages of various medication instructions.  Not only does this provide the names of a person’s medication in other languages, but it also eases healthcare when one is in a different linguistic area.

Ilaclar icin bir portali ? Diagnosia.com dunyada cesitli ilaclarin 22 lisanda cevirilmesini saglayan bir hizmet sunuyor. Avustralyali arastirmacilarin kurdugu bu websitesi sayesinde, dunyanin her kosesinde istediginiz ilaci bulundugunuz ulkenin lisanina cevirebilirsiniz.

Un portale per i medicinali ? Diagnosia.com, un sito austriaco, propone la diffusione in 22 lingue della traduzione delle avvertenze di medicinali. Non solo ciò permette di conoscere il nome del suo medicinale in un'altra lingua, ma ciò può aiutare anche le cure quando si trova in un'altra zona linguistica.

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            Die Informationen stehen derzeit neben Deutsch auch auf Englisch, Spanisch und Französisch zur Verfügung – demnächst soll das Angebot auf insgesamt 22 Sprachen anwachsen. Die Datenbank umfasst dank einer Kooperation mit des österreichischen Agentur für Gesundheit und Ernährungssicherheit alle in Österreich zugelassen Medikamente. Kooperationspartner auf europäischer Ebene ist die European Medical Agency.
            Mit Diagnosia.com startet das erste umfassende Medikamenten-Portal in Europa. Dort sind Beipackzettel und Fachinformationen für Arzte, die bisher ausschliesslich im PDF-Format vorlagen, erstmals in HTML zugänglich und somit voll durchsuchbar, heisst es in der Aussendung. Gegründet wurde Diagnosia von fünf Österreichern.
            Jeder dritte Internetnutzer sucht online nach Medikamenten. Die Quellen seien derzeit allerdings intransparent und schlecht. Lediglich in einigen Ländern gibt es derzeit entsprechende Webseiten von den Regierungen mit nationalen Medikamenten-Informationen. Auf Diagnosia.com stehen neben nationalen, auch allé Beipackzettel internationaler Zulassungsbehörden zur Verfügung. Bald schon sollen Medikamente, die in verschiedenen Ländern unterschiedliche Namen haben, miteinander verknüpft werden.


20110405

Literature in eastern central Europe (II)

Katharina Raabe

(editor for eastern European literature
at Suhrkamp Verlag)
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In the second part of her article, the author continues her overview of Eastern European literature. She highlights the fact that many authors from that period are still very little known: ndrzej Stasiuk, Sandor Marai, Miljenko Jergovic, Serhij Zhadan, ... She explains that many of the younger authors of that era develop their writing styles in an international context, using multiple languages, are familiar with the internet, and are influenced by cinema and the media.   The only question now is whether intra-European exchanges are sufficient to bring these authors to the foreground all across Europe.

Yazar, makalesinin ikinci bolumunde, eski dogu Avrupa edebiyatini tanitmaya devam ediyor.  Andrzej Stasiuk, Sandor Marai, Miljenko Jergovic, Serhij Zhadan gibi son derece onemli yazarlarin altini ciziyor. Bu yazarlarin en genc olanlarinin edebiyati uluslararasi ve pek cok lisanli atmosferlede ogrendiklerinin altini ciziyor. Bu yazarlarin internetle aralari iyi ve sinema ve mediadan cok etkilendiler. Simdi ki soru ise, Avrupa cercevesinde gerceklesen bu alisverisler birbirlerini tanimaya yeterli mi yonunde.

L'autore continua la sua panoramica della letteratura dell’ex Europa dell’Est (ex Unione Sovietica), nella seconda parte del suo articolo. Lei sottolinea che molti scrittori importanti sono ancora pococonosciuti: Andrzej Stasiuk,  Sandor Marai,  Miljenko Jergovic, Serhij Zhadan ...  Mostra che i più giovani tra di loro sviluppano la propria scrittura in un contesto internazionale, dunque utilizzano più lingue. Hanno ricevuti l'influenza del cinema, dei media e anche su Internet. La questione è se il commercio intra-europeo è sufficiente per far conoscere l’uno e l'altro da punti differenti in Europa.


The metamorphoses of central Europe

The topographical or geopoetic turn completes the move away from a literature that had concerned itself with the development of the individual and the tragedy of his destruction. If, in Péter Nádas' A Book of Memories, the damaged city landscape of East Berlin had served as the backdrop for a drama of personality, in Stasiuk the landscape itself is submitted to the poetic and speculative apparatus. It is striking that the people we meet in Stasiuk's travel stories remain mute. They move through the picture, sit in the driver's cabin of a parked lorry, or cower next to their kiosks in the scorching heat; from a distance their backs are almost indistinguishable from the cows that graze a little further off in the meadow. They come from a timeless zone and remain there as extras as the traveller passes through. In the booming economic region of western Romania, they are a symbol of the hugely unequal speeds of modernization. At the same time, they embody the feeling formulated by the traveller Stephan Wackwitz, the one that wafts towards you as soon as you go east of Vienna: the indeterminacy of the expanse that in a sense extends all the way to the steppes.[37] The impression you gain as you travel from West to East is that history somehow falls away and gradually merges with the stillness of Asiatic eternity.[38]

It seems that only Hungarian writers were able to give a voice to the motionless figures of Stasiuk's world, which stretches from the Theiss plain to the forests of Transylvania. We find these figures in the novels of Ádám Bodor, László Krasznahorkai or Attila Bartis. László Darvasi, whose tales are set in the places described by Stasiuk, also writes about travel.[39] In a covered wagon, on which a blue tear has been painted, five itinerant "artists of weeping" journey through a sixteenth and seventeenth century central Europe devastated by wars, epidemics, pogroms and rebellions. They are present wherever people have been the victims of misfortune and violence. These lachrymose troubadours pass through a world that extends from Poland to Transylvania, from Belgrade to Venice, from Vienna to Szeged. Evoking human hopes, torments, injustices, indescribable cruelties and deeply moving gestures, the universe that this book traverses, in its hundreds of episodes, touches us in a unique way.

The author's talent does not consist in painting historical panoramas but in limiting himself to depicting the existential truth of his characters, all of whom are our contemporaries. When the book was written, Szeged, where Darvasi lived at the time, was a place plagued by crime, where arms smugglers operated, supplying weapons to Arkan's Serbian "Tigers" and other paramilitary gangs in Bosnia.

In the spring of 1999, after finishing his novel, Darvasi went back to the short story. In response to the expulsions in Kosovo and the Nato bombing of Serbia, he wrote the cycle "Getting hold of a woman" (Eine Frau besorgen). The action of the book takes place in imaginary settings at the time of the Bosnian war and describes a state of anomie, total barbarity and lawlessness. It is the only book in which he reacts directly to the war, although war was a brooding presence in the earlier books.

"Over central Europe there hovers the odour of boiled cabbage and stale beer, and the putrid smell of overripe melons is in the air," wrote Josef K.,[40] an observation that aptly describes the world of Darvasi's stories. Provinciality, superstition, fear and fathomless melancholy prevail. A character who crops up in several tales in "The saddest orchestra in the world" (Das traurigste Orchester der Welt) bears the name of Kopf. The obtuseness of the young man is that of a child in a world as vast as it is opaque. "You don't need to know everything", explains Baron Demeter Absolon in "The tear jugglers" (Die Tränengaukler) – words that not only express an insight into the incomprehensible mysteries of existence, but also suggest the resignation of someone powerless to intervene in the workings of the world, because decisions affecting him have always been taken elsewhere.

Darvasi, who describes himself as a disciple of Mészöly and Bodor, Kafka and Borges, is regarded as one of the most original European writers of his generation – and almost impossible to sell. The same applies to his contemporary Jáchym Topol. Perhaps their very ability to give expression to the turmoil of the postcommunist present and to steer clear of the glorification of central Europe counts against them.

It is probably significant that the most successful eastern European novel after 1989 was one that presented a kitschy picture of central Europe: Embers (English publication 2002, original Hungarian 1942) by Sándor Márai. It is the fictional story of a world that, wrote Karl-Markus Gauß, "the evening sun of the Habsburgs gently shone upon".[41] Gauß pointed out that this fine author, who produced two novels a year, wrote works of variable quality and that it was Márai's more trivial books that first captured the international market – Márai was discovered by the Italian publisher Adelphi, who also secured the world rights. In the wake of the huge success of Embers, a wide variety of Hungarian writers of the interwar period, including Antal Szerb, Dezsö Kosztolányi and Ernö Szép, the "elegant giants" as the Frankfurter Allgemeine Zeitung called them, have been reprinted and have sold well.
The presence of a new war
"Europe is dying in Sarajevo", wrote the Zagreb publisher Nenad Popovic on a placard he had propped up on the desk in front of him during a discussion at the Berlin Literaturhaus in February 1993. Popovic, who since the beginning of the war had been an irreplaceable adviser and intermediary for journalists, publishers and publishers' readers in France, Italy and Germany, had rescued the Bosnian writer Dzevad Karahasan from the besieged city of Sarajevo and in 1993 published his "Diary of resettlement" (Tagebuch der Aussiedlung), an early literary document of the war. He discovered Miljenko Jergovic, today the internationally best-known Bosnian-Croatian writer of his generation. Sarajevo Marlboro, short stories from the besieged city, was published alongside Semezdin Mehmedinovic's slim volume of short prose pieces Sarajevo Blues.[42] The book published by Popovic reacted directly to the horrors of the ethnic hatred that were unleashed, the expulsions and rapes, and also to the deliberate destruction of the Serbo-Croat language, to emigration, exile and the loss of homeland. They included Bora Cosic's "Journal of a Homeless Man" (Tagebuch des Apatriden); Dubravka Ugresic's My American Fictionary (English translation 1994) and her polemic The Culture of Lies (English translation 1998); and Slavenka Drakulic's The Taste of a Man (English translation 1997). These writers have been dispersed to all points of the compass: to Vienna, Graz, Stockholm, Amsterdam, Berlin, or like David Albahari, a Serbian Jewish author from Belgrade, to Toronto.[43] For the last few years Aleksandar Hemon, a Bosnian writer from Chicago celebrated in the US as a successor to Nabokov, has been creating an international furore.[44]

Paradoxically, the accumulation of catastrophes enabled the most original and hitherto completely unknown voices from the former Yugoslavia to finally gain a hearing in the German-speaking countries. Here too the fog was lifting: the bloodthirsty tales of Miodrag Bulatovic were giving way to the critical and postmodern texts of Dubravka Ugresic, inspired by the Russian avant-garde and the epic narrative art of Dzevad Karahasan, recalling Ivo Andric. Danilo Kis, who died in 1989 in Paris, continued to be published in new editions. Bora Cosic's amusing and shocking book My Family's Role in the World Revolution, a subversive classic of Yugoslav literature originally published in 1970, came onto the market in German translation in 1994 (English translation published in 1997). There were European writers of distinction to be discovered.

Committed intellectuals returned to the scene, and they came – mostly – from eastern Europe. "Europa im Krieg" (Europe at War) was the title of a series of articles initiated in 1991/92 by the tageszeitung. Not unexpectedly, former dissidents, "anti-political" writers and other contributors to the Central Europe debate of the 1980s such as György Konrád, István Eörsi and Richard Wagner – not forgetting Herta Müller, Slavenka Drakulic, Lothar Baier and many others – all had their say.[45] The late-flowering career of Bora Cosic (b. 1932) owed much to the readiness of German-language periodicals, newspapers and book publishers to take southeast European writers seriously as chroniclers and commentators.

"The Sarajevo setting is putting buyers off", complained the sales manager of a German publishing house in the mid-1990s. No wonder, then, that it was at first the smaller houses, especially in Austria, that took on young writers from the nations of the former Yugoslavia. It was almost impossible to separate publishing and humanitarian concerns, or political and personal commitment. An exemplary case was Lojze Wieser, who founded the Klagenfurt-based Wieser Verlag in 1987. From the start, Wieser's orientation was towards both Yugoslavia and the rediscovery of forgotten central European authors.
The imperishable nature of the zone
Twenty years after the fall of the Wall, Jáchym Topol finally fled eastern Europe. After two more novels, "Night Work" (Nachtarbeit) and "Circus Zone" (Zirkuszone), which deal with the invasion of Czechoslovakia by the armies of the Warsaw Pact, the expulsion of the Germans from the Sudetenland and the outbreak of World War III on the Bavarian-Czech border, he decided to write a book about... Greenland. First, a diversion leads through Belarus. More mass graves. Finally, having arrived in the north, a hurricane in the middle of the wilderness drives him to seek shelter in what turns out to be a World War II bunker; American names are carved into the walls, German ones too. Cartridge cases lie on the ground, undamaged, as though they had been fired yesterday; they never rust on Greenland's icy ground. For Jáchym Topol there is no escape from European history.

Since then, the children of the age of transformation, the children of the Topol generation, have entered the scene. In Poland and the Ukraine in particular, authors are writing in an acerbic language packed with contemporary idiom and jargon, none of which existed twenty years ago.[46] They don't need to step out of the shadow of the past, since they either carry less baggage or they have jettisoned what they had. Their communities are young, and the world they live in now is – in the words of Andrzej Stasiuk – no longer measured by the yardstick of the past. The backdrop for their work is not mass graves but heaps of beer bottles at bus stops in provincial backwaters otherwise deprived of consumer goods. The protagonists are not parents suffering from war trauma but young advertising copywriters, owners of delivery firms, nightclub proprietors, arms dealers or people out of work.

The youngest writers – particularly those who fled Yugoslavia as children or teenagers and today live in Vienna, Berlin, or London or are back in Zagreb – move in a transnational sphere and communicate in a new language. They are at home with the Internet, come from the music scene and are influenced by film and the media; they read Foucault and Deleuze, and either know the codes of the postcommunist society or connect with more distant traditions. Serhij Zhadan for example, 35 years old, a lyric poet from Kharkiv in eastern Ukraine, a postproletarian punk who is interested not in Bruno Schulz but the Ukrainian futurists and the "shot renaissance"[47] writes about the Soviet anarchist Nestor Machno and takes on an inheritance likely to concern us for longer and more dramatically than the eastern central Europe that forms the subject of this essay. I refer to the decaying mass of the Soviet empire, which today radiates more strongly and ominously than it did twenty years ago.

The networking and inter-relationships between young eastern central and young western authors are today probably as intense as they were at the time of the avantgarde of their great-great-grandparents before and after World War I. If the perception of the European turn was at first very strongly dominated by Russian themes and Russian writers, this changed as interest increasingly focussed on the "minor" literatures of central Europe and eastern central Europe. Currently, Russia is relatively poorly represented by outstanding new young literary voices, although this could soon change.

A Romanian writer, Filip Florian, also recently took a mass grave as his starting point for a novel. But the theme is not the re-examination of the past but rather of the present, in which the past only lives on as a rumour. However Romania, unlike Poland, is beset by corruption, lies and the continued existence of the old party elite. To that extent, the past has never really gone away. What is new, however, is that Florian "has withdrawn from the duty of the historical reporter", as the critic Lothar Müller remarked.[48] This applies, despite all the differences, to all the writers of the youngest generation. Unlike their fathers and grandfathers, they no longer want to commit themselves to a "mission". They are writing against a chaotic reality and are concerned with deciphering layers of new codes and with the maelstrom of change and destruction in the routines and spaces of their old lives.




Original in German
Translation by Gordon Wells
First published in Osteuropa 2-3/2009

Contributed by Osteuropa
© Katharina Raabe / Osteuropa
© Eurozine





20110404

Numérique et citoyen

J-P. B.
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Noch gelten Roboter als unkreativ und recht beschränkt. Doch das soll sich bald ändern. Roboter der Zukunft können lernen, selbständig Probleme lösen und mitdenken. Intelligente Maschinen, die dem Menschen immer ähnlicher werden - nicht nur äußerlich. In naher Zukunft sollen an den Menschen angepasste Roboter, Computer oder einfach Alltagsgeräte aber nicht nur auf Knopfdruck funktionieren, sie sollen dem Menschen sogar die Wünsche von den Augen ablesen und auf Sprachbefehle, auf menschliche Gestik und Mimik angemessen reagieren können. Erfolgreich können diese Maschinen aber nur sein, wenn sie lernfähig sind und aus den gesammelten Informationen eigene Ableitungen ziehen können.

This societal debate concerns first and foremost the youth on the one hand, education and its dissemination on the other.  The fact that many young people have never known anything outside the digital age only makes this debate more complex, relegating older folk to the status of “aged” and “passive”.  That is why we consider that an exchange forum between younger and older members of society would be useful, especially f this debate carries on over time.  We must constantly re-evaluate the interactions between science, technology and society, especially considering the younger generations will in turn become older and be confronted with even younger groups.  This is what leads us to question the current movement toward “technologisation” and refocus the debate around more fundamental concepts such as communication, treatment of information and the other notions that depend on these issues.  These basic concepts are largely misunderstood and/or ignored today, when it fact it is they who provide the basic theory for understanding technological evolutions without being fooled by the magic of a new genre: the digital era.

Jenerasyon farkliliklari, egitim, transmisyon toplumda daima tartisma yaratacak ve tartisma yaratmasi gereken konular arasinda yer aliyor. Farkli jenerasyonlarin birbirini anlamasi bir toplumun huzuru icin onemli bir unsur oldugundan bu jenrerasyonlarin karsilasmasi, tanismasi icin tum kosullari harekete gecirmekte fayda var. Ozellikle bilim-teknoloji-toplum gibi konulari tartismak, yeniden degerlendirmek onumuzdeki jenerasyonlarin toplumdan kopmamasi icin cok gerekli. Artik 10 yasindaki cocuklarin bile cep telefon sahibi olacagi bir dunyada yasayacagimizdan bu sorulari sormanin vaktinin geldigini soyleyebiliriz. Zira, tartismalarin 'teknolojiklesmesi'', enformasyon ve bilim konularini temelini tekrar dusunmemizi sagliyor.

Il dibattito sociale riguarda i giovani da una parte e l’educazione e la trasmissione da un’altra. Si tratta di un dibattito tanto più difficile che i giovani non hanno vissuto l’anteprima digitale, il digitale è naturale per loro e che la gente più anziana può essere considerata come arretrata e di cattivo gusto. Tenere la testa sulle spalle con questo argomento è estremamente difficile. La creazione di un ambiente dove i giovani possono riflettere insieme ai vecchi sembra molto utile, a condizione che si prolunga nel tempo. Si deve creare uno stato di costante ri-valutazione dell'interazione tra scienza / tecnologia / società, soprattutto che i giovani dovranno confrontarsi con una generazione che avrà avuto un cellulare all'età di dieci anni. Questo ci porta a mettere in avanti la questione sul’ movimento attuale verso la "tecnologizzazione" del dibattito e il ritorno alle fondazioni: la comunicazione, l’elaborazione delle informazioni e tutte le nozioni che dipendono da loro. Oggi molte persone non conoscono di questi diritti mentre forniscono un substrato teorico per capire i cambiamenti senza cadere sotto l'incantesimo di un nuovo tipo di meraviglioso, il meraviglioso digitale.



L’avènement du numérique est largement considéré comme la troisième révolution industrielle. Effectivement l’informatisation à tous niveaux, l'utilisation croissante du web et de ses applications a contribué fortement à faire changer les modes de productions, de gestion, les échanges et les communications... Cette révolution est à rapprocher de la mondialisation, elle en est à la fois le  catalyseur et se trouve potentiellement porteuse de façons nouvelles d'envisager la vie en société. Ainsi, l’avènement des réseaux sociaux paraît offrir des moyens de faire société différemment. Plus largement, le flux d'information est plus ample, plus rapide, plus riche mais surtout plus partagé. Sont-ce là les ferments de nouveaux rapports sociaux, d'une nouvelle implication possible des citoyens dans la politique générale, notamment par leurs actions et revendications (dans le sens de faire passer leurs points de vue et idées sur les sujets de société) ?

L’exemple des révolutions Arabes est dans toutes les têtes. Révolutions appuyées, préparées, diffusées, suivies grâce aux moyens numériques notamment les réseaux sociaux. Les premières analyses faites sur ces mouvements tendent à replacer ces révolutions dans leur contexte socio-économique mais remarquent que les moyens numériques sont un accélérateur des processus et un agrégateur de pensées et de convictions. En d’autres termes, ils permettent que des groupes de personnes partageant les même idées se constituent rapidement en collectifs et échangent en continu et aisément. L'outil numérique facilite les regroupements, les actions, l'information et les détournements des messages dictatoriaux.

C’est un exemple exceptionnel et emblématique des changements en cours, d’autres touchent le processus démocratique continu des États, notamment en Europe, et dans certains États de l'Union Européenne. Les partis politiques utilisent de plus en plus la sphère numérique (sites internet, blog, flux twitter, compte facebook, ...) pour communiquer, diffuser leur idées et programme, jouer  avec « l’effet viral » du net mais pas uniquement. Une volonté de faire participer émerge. On parle de « démocratie participative » à travers l’e-participation, l’e-citoyenneté. Elle interroge les modes de gouvernance, ou e-gouvernance. L'adhésion par le retour, les commentaires sont recherchés. Certains pays expérimentent l'e-votation : par ex la Norvège, l'Estonie et la Suisse. L’I-Voting (ou « e-votation ») a été introduit comme moyen de vote complémentaire en Estonie depuis 2005. Cinq élections ont été testées avec cette possibilité (élections locales en 2005 et 2009, élection des parlementaires en 2007 et élection des parlementaires Européens en 2009 et 2011).

L'Islande et le peuple islandais, à l'aune de la crise financière, a fait le choix de nationaliser ses banques mais plus important encore de renverser son gouvernement et son parlement. Le Peuple a été sollicité par référendum sur les choix d'avenir et 25 membres de la société civile ont été élus pour entrer au sein du conseil constitutionnel afin de lancer la réécriture de la constitution qui est entièrement ouverte à la participation du peuple. Cette démocratie participative active est largement rendue possible grâce aux moyens numériques :
Le site officiel du Conseil constitutionnel : http://www.stjornlagathing.is/english/
La page officielle Facebook du Conseil constitutionnel :
http://www.facebook.com/Stjornlagarad
Le compte twitter : http://twitter.com/#!/Stjornlagarad
La chaine u-tube : http://www.youtube.com/stjornlagarad
Le compte flick'r :http://www.flickr.com/photos/stjornlagarad

Le projet de constitution a été finalisé et approuvé par le Conseil constitutionnel, le 27 juillet 2011. Transmis et en ligne depuis le 29 juillet, le Parlement doit l’examiner le 1er octobre. Si le Parlement adopte la constitution ou si celle-ci est adoptée par voie de référendum comme souhaité par nombre de conseillers constitutionnels, nous assisterons à la mise en application de la première e-constitution participative.

Ainsi les pratiques numériques et les possibilités offertes ou utilisables sont très larges et ne demandent qu’à être développées. Elles peuvent permettre aux communautés humaines, aux peuples  d’exprimer leurs opinions et choix, aux dirigeants de les recueillir et intégrer. Il est assuré que la révolution informatique apporte un outil puissant et évolutif. Cette révolution appelée aussi révolution de l’information apporte-t-elle seulement des moyens d'actions et de portée, de rapidité, d'efficience, supplémentaires ? Pourrait-on envisager que la révolution ou l'évolution soit plus subtile et majeure que cela ? Un vaste débat existe autour de l'idée de « digital natives », de génération « y » voir « z ». Il ne s'agit pas là de rentrer dans un débat stérile et faux et d'opposer les jeunes générations aux plus anciennes, « jeunes contre vieux ». Il s'agit de déterminer, de rechercher, les points qui permettraient de pencher vers l'idée d'une évolution plus générale de notre société. L'informatique, le numérique, la révolution de l'information peuvent-ils avoir un impact sur le développement humain ? Qui verrait naître des comportements et des modes de réflexions et de vie différents ? Peut-on envisager et recenser les cas, les exemples qui laisseraient penser que potentiellement la nature humaine est en train d'évoluer ? Là encore, il n'y a pas de notion de bien ou de mal. Même, si le fait qu'une évolution humaine pouvait être attestée, cela n'induirait malheureusement pas de manière automatique une évolution morale positive.